La Communion Anglicane

La Communion Anglicane

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Histoire

Fondation : le rôle de la monarchie britannique

 

À l’inverse de ce qui s’est produit en Europe continentale, la séparation entre l’Église henri_VIIId’Angleterre et la papauté ne vint pas de querelles théologiques, mais avant tout politiques. Le roi d’Angleterre, Henri VIII, jusque là soutien sans faille de la papauté, avait épousé en 1509 Catherine d’Aragon. Sans héritier mâle, et par ailleurs épris de sa maîtresse Anne Boleyn, il fait parvenir au pape en 1527 une demande d’annulation de son mariage. Ayant essuyé en 1530 un refus définitif de Clément VII, il se proclame l’année suivante alors « Chef Suprême de l’Église et du Clergé d’Angleterre » et rompt toute relation diplomatique avec Rome.
Le « divorce royal » peut alors être prononcé : dès que son union avec Catherine d’Aragon est invalidée par le nouvel archevêque de Cantorbéry, Thomas Cranmer, Henri VIII épouse sa favorite le 23 mai 1533.

Ce n’est cependant qu’en 1559, avec le Règlement élisabéthain, que la situation religieuse commence à se stabiliser en Angleterre et que l’anglicanisme prend véritablement forme, avec notamment l’introduction totale du Livre de la prière commune. Des églises sœurs sont fondées en Écosse et en Irlande dès cette époque

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William Laud essaiera en vain d’uniformiser l’anglicanisme

De 1633 à 1640, l’archevêque de Cantorbéry William Laud va tenter de mettre en œuvre une politique d’uniformisation religieuse. Elle est rejetée par les non-conformistes, notamment par les puritains qui souhaitent parachever la Réforme en Angleterre.
C’est une des causes de la Première Révolution anglaise.
À partir de la restauration de la monarchie, deux groupes se font face dans l’anglicanisme : le mouvement Haute Église qui défend la reprise d’une politique d’uniformisation et le mouvement latitudinaire, dit Basse Église, qui souhaite une ouverture plus large, notamment en direction des non conformistes [1].

 

Du XVIIe siècle au XIXe siècle, les églises anglicanes déploient une activité missionnaire de plus en plus importante. Les communautés érigées dans les colonies prennent progressivement leur indépendance et s’érigent en églises autonomes. Le souverain britannique n’occupe de fonction officielle que dans l’Église d’Angleterre
Les deux mouvements (Haute Eglise et Basse Eglise) vont persister et se transformer progressivement au cours du XIXe siècle.
En effet la première moitié de ce siècle est une phase d’intense réveil religieux, qui voit l’émergence de l’évangélisme anglican.
Parallèlement, avec le mouvement d’Oxford une part des anglicans Haute Église se tourne vers une remise en valeur de la tradition apostolique et forme un nouveau mouvement, le tractarianisme qui devient ensuite l’anglo-catholicisme. Enfin, dans la lignée du protestantisme libéral naissant, émerge un mouvement qui se dénomme Broad Church’.

 

Les sacrements

Les églises anglicanes célèbrent deux sacrements : le baptême et l’Eucharistie, ainsi que cinq autres « petits sacrements » ou rites sacramentaux : la confirmation, le mariage, l’onction des malades, la confession et l’ordination sacerdotale.
Seuls les premiers sont en effet réputés avoir été établis par le Christ lui-même et témoigner de l’adhésion pleine à la religion.
Depuis le XIXe siècle, l’éventail des positions doctrinales en matière de sacrements s’est élargi. De nombreux anglo-catholiques considèrent notamment qu’il y a bien sept véritables sacrements.
À l’opposé, certaines parties de la Communion anglicane développent une théologie d’inspiration très proche du calvinisme, qui influe sur leur conception des sacrements et des ministères.
Pour ce qui concerne l’Eucharistie, une grande variété de positions doctrinales coexistent. Quelques Anglicans considèrent l’Eucharistie (qu’ils préfèrent qualifier de repas du Seigneur) comme un simple mémorial, mais la plupart adhèrent à une forme plus ou moins forte de présence réelle du Christ dans le pain et le vin.

 

La Communion anglicane

La Communion anglicane est l’ensemble des Églises anglicanes et épiscopales (on dit « provinces ») en communion avec l’Archevêque de Cantorbéry. C’est avec l’Église catholique romaine la seule église chrétienne mondiale, présente dans 164 pays.

À proprement parler, la Communion anglicane ne fait pas partie du protestantisme. Mais les liens sont nombreux, tant historiques que théologiques.
Par certains aspects (organisation, liturgie), les Églises de cette dénomination sont des Églises catholiques nationales, indépendantes de Rome. Par d’autres aspects, ce sont des Églises réformées, surtout en ce qui concerne la place accordée à la Bible et la place des laïcs dans la gouvernance de chaque province. Pourtant, l’anglicanisme n’a pas de théologien fondateur tel un Luther ou Calvin. On parle parfois d’ « Église pont » ou de « via media » entre les deux grandes confessions.

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La communion anglicane compte 38 provinces ecclésiastiques qui sont autant d’églises indépendantes.
On y trouve:

  • les églises historiques des îles britanniques (Angleterre, Galles, Écosse, et Irlande, cette dernière correspondant à toute l’île) ;
  • des églises coïncidant avec le territoire d’un État (comme au Canada, ou en Ouganda) ;
  • des églises couvrant le territoire de plusieurs nations (comme l’Église de la Province de l’océan Indien ou celle de la Province d’Afrique centrale).
  • Il s’y ajoute cinq petites églises qualifiées d’extra-provinciales, qui sont directement rattachées au siège métropolitain de Cantorbéry, et une dernière, l’Église épiscopale de Cuba qui a un gouvernement particulier.

Parmi toutes ces églises, seule l’Église d’Angleterre a encore un statut de religion d’état

Cette forme du christianisme est aujourd’hui présente principalement dans les pays de culture anglo-saxonne, mais compte aussi quatre millions de fidèles francophones. Le plus grand diocèse de la province dite américaine est par exemple en fait en Haïti.
En Europe, à part les diocèses de l’Église d’Angleterre et de l’Église épiscopale, il existe aussi une église de l’Espagne et une du Portugal.

 

Un fonctionnement synodal

Les différentes églises qui constituent la communion anglicane portent le nom de provinces ecclésiastiques et ont chacune leurs règles de fonctionnement propres. Il y a cependant de nombreux traits communs.

Le-Dr-Justin-Welby-primat-de-la-Communion-anglicane-appelle-a-l-unite_article_mainL’unité de référence est le diocèse, dirigé par un évêque. Il comprend différentes paroisses organisées en doyennés. Chaque paroisse est prise en charge par un prêtre appelé vicaire ou recteur, sous la responsabilité de l’évêque.

A tous les niveaux à partir du doyenné, le gouvernement de l’église est confié à des synodes auxquels participent clercs et laïcs élus : synode de doyenné, synode diocésain, et enfin, le synode général qui concerne l’ensemble de la province.
Ce dernier est composé de trois « chambres »,  une chambre des évêques, une chambre des clercs et une chambre des laïcs.
Suivant la nature des questions traitées, différents types de majorité sont requis, voire l’accord de l’évêque dirigeant le diocèse.

 

 Les organes de la communion
La Communion anglicane ne possède pas de véritable gouvernement, puisque les églises qui la composent fonctionnent de façon autonome. Il existe cependant plusieurs instances qui permettent la réunion de représentants des églises membres de la communion. Elles assurent une forme de consultation et de collaboration, pour assurer le maintien d’une certaine unité en matière de doctrine et de discipline des sacrements.

 

L’archevêque de Cantorbéry

intronisation J WelbyL’archevêque de Cantorbéry est le chef symbolique de la Communion anglicane.
Pour des raisons historiques, l’archevêque de Cantorbéry possède une forme de primauté d’honneur sur les autres évêques anglicans. Il n’exerce pour autant aucun pouvoir sur les églises sœurs de la Communion anglicane. Il est considéré comme le chef spirituel de l’anglicanisme et le garant de l’unité de la Communion. Il joue notamment un rôle important dans l’œcuménisme et les relations avec les autres religions.

Il est nommé par le premier ministre britannique agissant au nom du souverain.
Depuis 2013, c’est Justin Welby qui occupe cette fonction.

Statut et rôle du clergé

Les Églises anglicanes ont une structure épiscopale : elles ont donc conservé une bonne partie de l’organisation hiérarchique catholique (sauf le cardinalat et la papauté). Une distinction importante de l’anglicanisme par rapport au catholicisme romain est le droit qu’ont les clercs séculiers (diacre, prêtres et évêques) de se marier et d’avoir des enfants, que ce soit avant ou après leur ordination. Il arrive cependant que certains clercs (notamment parmi ceux de tendance anglo-catholique) vivent leur ministère en s’engageant au célibat.
Dans la plupart des églises anglicanes, il est aussi possible pour des femmes d’être ordonnées prêtres et même évêques dans quinze Églises de confession anglicane – aux États-Unis, en Écosse, au Canada ou en Nouvelle-Zélande notamment.
Le Synode Général de York en juillet 2008 a décidé par vote d’étendre cette capacité à l’Angleterre. Cette mesure du synode a été ratifiée par le Parlement, signée par la Reine, et validée de nouveau par le synode général, réunit le 17 novembre 2014.

 

La conférence de Lambeth

FLambethconferenceLa conférence de Lambeth réunit tous les évêques de la Communion sous la présidence de l’archevêque de Cantorbéry, ce qui lui confère un poids symbolique important.
Elle se tient de façon décennale depuis 1867.
La conférence passe des résolutions, qui, sans avoir le caractère contraignant de décisions synodales, ont en général une forte influence sur l’évolution de la Communion et de l’anglicanisme. C’est ainsi que les conférences de 1978 et 1988 ont entériné la possibilité pour certaines églises de la communion d’ordonner des femmes comme prêtres puis évêques. En 1998 est affirmé que « la pratique homosexuelle est incompatible avec l’Écriture », tandis que la conférence de 2008 voit les églises de la communion très divisées, de nouveau sur la question de l’homosexualité.

 

Le conseil consultatif anglican

Ce conseil assure depuis 1968 des réunions à intervalles de deux ou trois ans entre représentants des évêques, du clergé et des laïcs de toute la Communion. Il tend à prendre un rôle de plus en plus important.

 

La conférence des primats anglicans

La conférence des primats se réunit tous les deux-trois ans environ depuis 1978.

 

Les accords d’intercommunion

La Communion anglicane est très engagée dans l’œcuménisme dont elle est un des acteurs importants depuis le début du XXe siècle. Ses positions doctrinales lui permettent en effet de prétendre au rôle de « pont » entre catholiques et protestants. Avec certaines églises, les accords sont allés jusqu’au stade de la pleine communion doctrinale et sacramentelle.
C’est le cas de l’Église d’Angleterre et l’Église vieille-catholique depuis les accords de Bonn de 1931, accords qui ont progressivement été étendus à toute la Communion anglicane. L’Église malankare Mar Thoma, de tradition syriaque, est elle aussi en pleine communion avec la Communion anglicane.
Plus récemment, en 1992, est formée la communion de Porvoo réunissant douze églises anglicanes et luthériennes d’Europe.
Malgré la profondeur du lien d’intercommunion, et la possibilité qui leur a été donnée d’assister et de voter lors des conférences de Lambeth, les églises concernées par ces accords restent des entités distinctes de la Communion anglicane.

 

[1] Les Non-conformistes,étaient ceux qui, en Angleterre, refusaient de suivre la doctrine de l’Église anglicane. Il s’agissait notamment des Puritains, des Presbytériens, des Anabaptistes ou des Calvinistes.

Sources Wikipédia

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