Sommaire
- 1 XVII Le point sur les Eglises a l’aube du 19°siècle
- 2 XVIII Les Eglises au 19°s en Europe jusqu’à Vatican I
- 2.1 Eglise catholique Romaine
- 2.2 En France: Empires, Révolutions, Royautés, un siècle agité
- 2.3 Empire germanique
- 2.4 l’Eglise et l’ Italie au 19°s
- 3 XIX Le concile Vatican I (1869-1870)
- 4 XXI 19eme siècle. Les débuts de l’œcuménisme
- 5 XXII La fin du 19eme siècle.
Selon nos traditions ecclésiales et nos cultures, nous avons des représentations de l’Eglise qui nous sont propres.
C’est ainsi que l’Eglise catholique déclare qu’en elle « subsiste » l’Eglise dans toute sa plénitude. Cela va conduire à un certain nombre de représentation ou l’Eglise Catholique est représentée par un tronc d’où les « hérétiques » de tout poil ou les « Eglises séparées » s’éloignent sous forme de branches diverses.
L’ors de la Rencontre du Bec-Hellouin organisée par l’ACONor en 2013 le Pasteur François Clavairoly, alors président de la Fédération Protestante de France, se représentait l’Eglise comme un buissonnement de rameaux divers…Comme dit le proverbe: « chacun voit midi à sa porte »
L’histoire de l’Eglise doit nous rendre modestes : l’unité des chrétiens fondée et enracinée dans la prière de Jésus (Jn 17,21) : « Que tous soient un comme toi, Père, tu es en moi et que je suis en toi, qu’ils soient en nous eux aussi, afin que le monde croie que tu m’as envoyé. » est un idéal confronté à notre réalité de péché, qui n’a jamais été pleinement réalisé. Même à l’origine (Pierre et Paul au « concile de Jérusalem » s’accordent…en se séparant !)
Je me propose dans une série d’articles de faire le point sur ces disjonctions -et aussi conjonctions- qui ont marqué nos différentes confessions chrétiennes
Beaucoup de renseignements viennent des pages Wikipédia
Autre source, absolument indispensable à la compréhension de l’histoire des Eglises de la Réforme : https://museeprotestant.org/
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XVII Le point sur les Eglises a l’aube du 19°siècle
Les églises ont trouvé une sorte d’équilibre instable
Une partie de l’Europe du nord passe à la réforme.
La Suisse
Henri Bullinger poursuit à Zurich son œuvre réformatrice et conclut en 1549 avec Calvin le “Consensus Tigurinus”, qui contribua largement à unir les réformes de Calvin et de Zwingli dans la confession qu’on appelle aujourd’hui « réformée ».
Aux Pays-Bas
Par l’édit de tolérance du , 29 novembre 1787, le roi Louis XVI accorde aux protestants un état civil. Il leur assure le droit d’exister dans le royaume sans y être troublés sous le prétexte de religion. Sur la base de plusieurs mémoires, notamment de Malesherbes lui-même, un édit est signé par Louis XVI en novembre 1787 limité à l’état civil de « ceux qui ne font pas profession de la religion catholique » : un mariage non religieux est autorisé par simple déclaration soit devant un juge royal, soit devant le curé de la paroisse agissant en qualité d’officier de l’état civil.
Naissance et décès sont enregistrés de manière identique. La majorité des protestants accueille ce texte favorablement et nombreux sont ceux qui viennent régulariser devant les juges leur mariage au Désert et la naissance de leurs enfants.
La révolution de 1789
La moitié des ecclésiastiques environ refuse de prêter serment et, bientôt, deux Églises s’opposent, l’une traditionnelle et fidèle au pape et l’autre constitutionnelle.
29 novembre 1791 : L’Assemblée législative adopte un décret qui déclare suspects et privés de leur pension les ecclésiastiques réfractaires qui ont refusé de prêter serment. Les édifices religieux ne peuvent être utilisés que par le clergé salarié par l’État.
21 février 1795 : Un décret du 3 ventôse an III établit un régime de séparation des églises et de l’État. Tout en affirmant le principe du libre exercice des cultes, le décret précise que l’État n’en salarie aucun, ne fournit aucun local et ne reconnaît aucun ministre du culte.
1798: Le pape Pie VI est déporté à Briançon puis Valence
Il meurt le 24 août 1799. Il est inhumé, lors de discrètes obsèques civiles, sans autre forme de cérémonie. Il faudra attendre 1802 pour que sa dépouille soit ramenée à Saint-Pierre-de-Rome.
Pendant l’épanouissement de la Réforme, l’Eglise catholique n’est pas restée inactive. La papauté s’est enfin décidée à convoquer un concile réformateur à Trente, qui portera ses plus beaux fruits au XVIIe siècle.
L’Empire ottoman
Il tolère la hiérarchie catholique en Hongrie après sa conquête (1526), tout en favorisant la diffusion du protestantisme, adversaire de la Papauté et de l’Autriche (dans le contexte des assauts contre Vienne en 1683).
L’orthodoxie, sous l’Empire ottoman.
Elle est à la fois persécutée et tolérée ; les quatre patriarcats traditionnels de Constantinople, Alexandrie, Antioche et Jérusalem, connaissent une existence précaire.
Concernant l’Église orthodoxe, tous ses croyants sujets du Sultan formaient le millet des Rum (ex-sujets de l’Empire romain d’orient), quelles que fussent leurs langues. Qu’ils aient relevé du Patriarcat de Constantinople, ou du Patriarcat serbe de Peć ou des Métropoles roumaines de Valachie et Moldavie, ils sont supprimés et regroupés dans le seul Patriarcat de Constantinople
En même temps, les grands centres de spiritualité orthodoxe, en particulier les monastères de Sainte Catherine au Sinaï et ceux de la “Sainte Montagne”, le Mont Athos en Grèce, continuent de rayonner même sous la domination musulmane.
La Grèce
Elle est libérée du joug ottoman en 1832.
L’Église de Grèce est autocéphale sur la base du Tomos[1] pour l’autocéphalie de l’Église de Grèce. Le tomos date du 29 juin 1850 et est inscrit dans le droit grec par une loi du 9 juillet 1852, qui est également inscrite dans l’actuelle constitution de la Grèce.
la Bulgarie
Elle est libérée du joug ottoman en 1832.
Le 28 février 1870, le sultan promulgue un décret pour l’établissement d’une Église orthodoxe bulgare sous le nom d’exarchat. Le 16 septembre 1872, le Patriarcat de Constantinople déclare l’exarchat bulgare shismatique.
Réconciliation et reconnaissance
Le 22 février 1944, le Patriarcat œcuménique de Constantinople abolit le schisme de 1872 et accorde un statut autocéphale complet à l’Église orthodoxe bulgare, avec le rang d’Exarchat.
Le 10 mai 1953, l’Église orthodoxe bulgare revendique sa dignité patriarcale, qui lui est reconnue par Constantinople le 22 juillet 1961
La Serbie
À la suite de deux soulèvements contre les Turcs, le premier en 1804, le second en 1815, une principauté de Serbie fut créée, autonome vis-à-vis de la Sublime Porte en 1830, officiellement indépendante en 1878. La Serbie acquit son indépendance définitive au traité de Berlin en 1878
En 1766 et 1767, à la veille de la guerre russo-turque de 1768-1774, l’archevêché d’Ohrid a et le patriarcat de Peć sont abolis, de manière non canonique sur ordre du sultan ottoman Moustafa III, craignant les visées du projet grec de l’impératrice Catherine II.
Le patriarcat serbe est restauré en 1920, avec juridiction sur l’ensemble des orthodoxes du royaume des Serbes, Croates et Slovènes de l’époque, qui incluait la partie de la Macédoine accordée à la Serbie lors du traité de Bucarest, en 1913.
XVIII Les Eglises au 19°s en Europe jusqu’à Vatican I
Eglise catholique Romaine
Pie VII (1800-1823)
Dans cette situation où Rome était occupée par les troupes françaises et où le pape ne disposait plus de son pouvoir temporel, les cardinaux se trouvaient dans une position délicate. Ils furent obligés de tenir le conclave à Venise, alors sous contrôle autrichien, et ce fut le dernier jusqu’à nos jours à se tenir hors de Rome.
Ils répondaient ainsi à deux ordonnances de Pie VI ( et ) à propos des mesures à prendre après son décès. Craignant que la papauté ne soit abolie, il y stipulait que le conclave devait être convoqué par le doyen du Collège des cardinaux et se tenir dans la ville qui comptait, au sein de sa population, le plus grand nombre de cardinaux.
La paix religieuse en France.
À la bataille de Marengo, le , la France arrache le Nord de l’Italie à l’Autriche. Le nouveau pape, toujours à Venise, se trouve donc soudainement sous autorité française. Ce n’est pas un inconnu pour Napoléon qui avait qualifié son discours de Noël 1797 à Imola de « jacobin ». Bonaparte décide de reconnaître le nouveau pape et de restaurer les États pontificaux dans les limites du traité de Tolentino.
Rentré à Rome le 3 juillet 1800, Pie VII répondit pourtant favorablement aux ouvertures de Bonaparte qui, après Marengo, lui avait fait connaître son désir de résoudre la crise religieuse en France et de rétablir les liens entre l’Eglise et sa « fille aînée »
Le concordat de 1801 avec la France
Même critiqué au sein de la Curie, le pape assuma sans réserve sa part de l’accord : ratification du texte, démission de tous les évêques français, jureurs comme non jureurs, et institution de nouveaux titulaires au préalable nommés par le Premier Consul.
Il fit même plus, avec la nomination de quatre nouveaux cardinaux français dont Joseph Fesch, oncle de Bonaparte, et Etienne-Hubert Cambacérès, frère du second Consul.
Le concordat de 1803 avec l’Italie
Le 17 janvier 1803, il laissa encore signer un autre concordat, cette fois avec la République Italienne[1] (territoires occupés par les Francais).
Fin octobre 1804, Pie VII accepte enfin de venir à Paris sacrer Napoléon. Cette ultime concession visait en réalité à obtenir l’ouverture de négociations sur tous les manquements et interprétations du Concordat par le gouvernement français.
Le conflit avec l’empereur Napoléon Ier
Les relations entre le pape et l’empereur ne cessèrent ensuite de se dégrader. Le pape n’obtint rien en échange de sa docile participation au Sacre du 2 décembre 1804, l’empereur fit en Italie comme s’il n’était que chez lui, occupant les ports des Etats de l’Eglise, installant ses états-majors dans la Ville éternelle.
En représailles, Pie VII refusa de reconnaître l’accession de Joseph au trône de Naples et d’adhérer au Blocus continental. Il se fit de plus en plus tirer l’oreille pour instituer canoniquement les évêques nommés, jusqu’à pratiquer la « grève des investitures » à partir de 1808.
D’empiètements territoriaux en menaces de moins en moins voilées, en passant par des arrestations d’ecclésiastiques récalcitrants, des expulsions de cardinaux de la Ville éternelle, l’obtention du renvoi de Consalvi (qui avait été créé cardinal et nommé secrétaire d’Etat) et de multiples autres attaques contre l’autorité du pape, Napoléon finit par ordonner l’occupation de Rome puis l’annexion pure et simple des possessions pontificales.
En réponse aux premières atteintes à ses Etats, mais sans le désigner dans sa bulle, Pie VII avait prononcé son excommunication.
Prisonnier à Fontainebleau
La rupture était consommée et le général Miollis procéda à l’arrestation du Saint-Père qui fut placé en résidence surveillée, d’abord à Savone puis à Fontainebleau. Même coupé du monde et privé de son entourage, le captif continua à gêner autant qu’il le pouvait son adversaire, mais sans jamais appeler à la révolte ou au schisme.
Retour à Rome
Sur le point d’être vaincu, Napoléon autorisa Pie VII à quitter Fontainebleau.
Le 24 mai 1814 , il retrouva Rome qui lui fit un accueil délirant. Une fois réinstallé au Quirinal, il accorda son pardon à tous ceux qui avaient servi les occupants.
La restauration de son autorité se fit sans réaction, bien au contraire. Certaines réformes françaises, notamment en matières judiciaire et fiscale, furent maintenues. Celles engagées avant 1809 furent poursuivies : nomination de laïcs dans les hautes fonctions administratives, liberté du commerce et de l’industrie, rétablissement des Jésuites. Pie VII reprit aussi son rôle de protecteur des artistes, enrichit considérablement la bibliothèque vaticane, lança de nombreuses fouilles archéologiques et promulgua une législation interdisant (enfin) l’exportation-pillage des biens historiques de ses Etats. Il annula en revanche la législation favorable aux juifs et rétablit le ghetto.
Au congrès de Vienne
Consalvi tenta d’obtenir la restitution des Légations , du Comtat et d’Avignon (absorbés par la France en 1791). Dans ses instructions, le pape lui avait cependant recommandé de ne pas protester avec trop de véhémence s’il n’obtenait pas satisfaction sur ce dernier point.
Symboliquement, la préséance des diplomates du Saint-Siège sur leurs collègues fut réaffirmée (elle subsiste aujourd’hui).
Sur le plan territorial, il récupéra les Marches, les principautés de Pontecorvo et de Bénévent, les Légations de Ravenne, Bologne et Ferrare, à l’exception de la partie de cette dernière située sur la rive gauche du Pô, cédée au royaume lombardo-vénitien sous domination autrichienne. Vienne obtint un droit de garnison dans certaines places des rives de l’Adriatique.
Fin du pontificat de Pie VII
Léon XII (1823-1829)
Un article de Vatican News [2] a pour titre “Le Vatican salue la mémoire de Léon XII, Pape de la Restauration”. Il n’y a vraiment pas de quoi !
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- En 1823, il rétablit le sermon de predica coatta [3], auquel les Juifs du ghetto étaient obligatoirement forcés d’assister sans broncher ainsi qu’un sermon après leur repas de shabath sous peine d’amende ou de fouet5,6
- En 1825, il agrandit le ghetto juif de Rome (qui ne sera aboli qu’en 1870).
- L’année suivante, il rétablit les portes du ghetto de la ville d’Ancône, que les troupes napoléoniennes avaient abattues, pour y enfermer les Juifs dès huit heures du soir et jusqu’au matin, et leur impose de nombreuses restrictions et les persécute en forçant souvent leur “conversion” au christianisme.
Pie IX (1848-1878)
Condamnation du rationalisme et de la liberté de pensée
Les progrès des sciences naturelles, en géologie et en paléontologie notamment, symbolisés par la publication en 1859 de De l’origine des espèces de Darwin [4], invalident la lecture littérale de la Bible. En réaction à l’infaillibilité pontificale d’une part et d’autre part à l’évolution de la lecture de la Bible, les Églises conservatrices américaines se réunissent à leur tour en Églises fondamentalistes.
Le dogme de l’Immaculée Conception et les apparitions de Lourdes
Trois ans plus tard, entre le 11 février et le , une jeune Lourdaise illettrée Bernadette Soubirous affirmera avoir vu « une belle dame », dans la petite grotte de Massabielle à Lourdes, qui lui dit en occitan gascon : « Que sòi era Immaculada concepcion ».
Les apparitions seront reconnues par l’Église Catholique en 1862 (Les Eglises protestantes ne reconnaissent pas ce dogme parce que non biblique)
Statut des juifs
En France: Empires, Révolutions, Royautés, un siècle agité
Le consulat et le premier empire
Les protestants sont environ 600 000 et les juifs 40 000 ; les athées sont très peu nombreux.
Bonaparte pense que la religion permet d’assurer l’ordre car le clergé peut encadrer la population, surtout s’il reçoit des directives de la part du gouvernement. Bonaparte décide alors d’entrer en relation avec la papauté pour rétablir le culte catholique unifié en France.
Concordat entre sa Sainteté Pie VII, et le Gouvernement français du 17 juillet 1801 (28 messidor an IX)
Dès juin 1800, Bonaparte ouvre des négociations avec la papauté. Le gouvernement français est représenté par l’abbé Bernier, la papauté par le cardinal Guiseppe Spina, puis par le cardinal Ercole Consalvi qui arrive à Paris en novembre 1800.
Le Concordat est signé le 17 juillet 1801 (28 messidor an IX) [1]. Joseph Bonaparte représente le gouvernement français, Consalvi représente le pape. Le 15 août 1801, le pape accepte le texte.
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- « les papes ne peuvent déposer les souverains ni délier leurs sujets de leur obligation de fidélité,
- que les décisions des conciles œcuméniques priment sur les décisions pontificales,
- que le Pape doit respecter les pratiques nationales,
- qu’il ne dispose enfin d’aucune infaillibilité. »
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Ainsi le gallicanisme est-il en partie restauré mais le Saint-Père ne peut accepter la subordination de l’Église de France à l’État.
La totalité des textes concernant la religion catholique ainsi que ceux organisant le protestantisme et le judaïsme français, sont votés par le Corps législatif le 8 avril 1802 (18 germinal an X). Ils forment le régime concordataire français.
Le Concordat de 1801 restera en vigueur jusqu’en 1905, date à laquelle il n’est plus reconnu par la France après le vote de la loi de séparation des Églises et de l’État en 1905 (sauf en Alsace et en Moselle qui en 1905 étaient rattachées à l’Empire allemand).
Le sacre de Napoléon Ier (2 décembre 1804)
Fin octobre 1804, Pie VII accepte enfin de venir à Paris sacrer Napoléon. Cette ultime concession visait en réalité à obtenir l’ouverture de négociations sur tous les manquements et interprétations du Concordat par le gouvernement français.
C’est pour tenter d’obtenir l’abrogation des Articles organiques que le pape accepte de venir sacrer Napoléon Bonaparte empereur des Français à Notre-Dame le 2 décembre 1804, mais il rentre à Rome sans avoir obtenu gain de cause.
La Restauration
Louis XVIII
La Charte de 1814
À 68 ans, le roi Louis XVIII s’éteint le
Sans descendance, c’est alors son dernier frère, le comte d’Artois, qui lui succède sur le trône à l’âge de 67 ans, devenant le roi Charles X
Charles X
Âgé de 67 ans, il demeure très fermement attaché aux principes de l’Ancien Régime. Il choisit de se faire sacrer à Reims, et prend deux mesures impopulaires :
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- la loi dite du « milliard des émigrés » qui indemnise les nobles dont les biens avaient été vendus sous la Révolution ;
- la loi sur le sacrilège qui punit de mort tous ceux qui profaneraient les églises et la religion.
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Le réveil de l’opposition
Les mesures de Charles X conduisent au réveil de l’opposition libérale. Le ministère conduit par Polignac à partir de 1829 se heurte à l’hostilité de la Chambre. Charles X dissout l’Assemblée, mais les élections de 1830 sont un succès pour l’opposition.
Le roi décide alors un coup de force : il prend quatre ordonnances qui suppriment la liberté de la presse, renvoient la Chambre, établissent une nouvelle loi électorale augmentant le cens et convoquent les électeurs pour un nouveau scrutin.
La révolution de 1830
Les quatre ordonnances de Charles X donnent le signal de la révolution : durant les journées du 27 au 29 Juillet (les Trois Glorieuses), le peuple de Paris se soulève et oblige Charles X à s’enfuir.
Mais la bourgeoisie, craignant l’établissement d’une République démocratique, va en quelque sorte « confisquer » la révolution à son profit. Préférant une monarchie constitutionnelle, la bourgeoisie parisienne acclame le duc d’Orléans qui devient lieutenant-général du royaume, puis roi sous le nom de Louis-Philippe Ier. ( du au
Louis-Philippe Ier
La charte de 1830 [3]
Le 6 juin 1830, la révision de la charte est approuvée par 219 députés contre 33 et par 99 pairs contre 14.
La Charte de 1814, qui donne au catholicisme le statut de « religion de l’État » (article 6), imposait encore que le monarque, chef de l’État, professe la même foi que celle de la majorité de ses sujets.
La Charte révisée, jurée par Louis-Philippe le 9 août 1830, engage à cet égard une rupture profonde. L’abandon du catholicisme comme religion officielle signalerait la fin d’une vision gallicane du monde qui fait coïncider fidélité au souverain, unité nationale et religion d’État. Toutefois, la Charte de 1830 mentionne que la religion catholique est « professée par la majorité des Français », ce qui reprend le constat introductif du concordat de 1801 : « Le Gouvernement de la République reconnaît que la religion catholique, apostolique et romaine est la religion de la grande majorité des citoyens français. »
La formulation du texte constitutionnel de 1830, qui n’est pas qu’une simple reconnaissance comptable du nombre de catholiques en France, suppose en réalité que l’État conserve une responsabilité particulière envers la religion commune à la plupart des citoyens. Aussi l’absence de religion officielle ne fait-elle pas du catholicisme une affaire qui, dans le gouvernement de l’État, ne regarderait plus que le ministère des Cultes.
Loi sur le sacrilège
Une série de restrictions budgétaires frappent l’Église catholique, cependant qu’est abrogée, le , la « loi sur le sacrilège » de 1825, qui punissait de mort les profanateurs d’hosties consacrées.
Les protestants et le “Roi des Français”
Dans l’ensemble, les protestants commencent à être traités comme des citoyens ordinaires. Le protestant François Guizot est la personnalité politique la plus importante de cette période.
Les mariages avec des protestants conclus par trois des enfants du roi Louis-Philippe provoquent un véritable sentiment d’affection en faveur de la famille royale.
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- L’aînée des filles, Louise, épouse le nouveau roi des Belges, Léopold Ier de Saxe-Cobourg-Saalfeld, qui est luthérien
- En 1837 la seconde fille, Marie, épouse le duc Alexandre de Wurtemberg également luthérien
- et surtout le duc d’Orléans, Ferdinand-Philippe, héritier du trône, épouse une protestante, Hélène de Mecklembourg-Schwerin, qui conserve sa religion et assiste régulièrement au culte luthérien : « l’on trouvait dans les demeures royales la Bible à côté du Missel ».
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La Monarchie de Juillet qui s’affirme favorable à l’égalité des cultes, laisse le plus souvent les évangélistes protestants libres de tenir des réunions religieuses dans des communes où il n’y a aucune communauté protestante d’origine. Les Eglises ou mouvements issus du Réveil vont se fonder en France (surtout dans le sud). Une partie importante du Réveil aboutit à la rénovation de l’intérieur du protestantisme institutionnel.
Si une partie des protestants est satisfaite de voir émerger une monarchie parlementaire proche du modèle britannique et reprenant certains symboles hérités de la Révolution, néanmoins, cette adhésion massive à l’orléanisme est surtout visible au sein de la bourgeoisie protestante, tout comme au sein du reste de la bourgeoisie d’affaires française. À l’inverse, la majorité des protestants issus des couches moyennes et populaires de la population apportera un soutien clair à la Révolution de 1848.
La révolution de 1948
La révolution naît d’une conjonction de crises. Conséquence de ces crises agricoles, industrielles et financières, les faillites se multiplient, engendrant chômage et mécontentement, notamment au sein de la population ouvrière de Paris, crise politique aussi. Guizot incarne le parti de la « Résistance », face au parti de la « Réforme », soutenu par la moyenne bourgeoisie, qui réclame des avancées plus libérales.
Spectacle étonnant, les insurgés acclamaient les prêtres aux cris de : Vive la religion, vive le Christ, vive Pie IX.
La popularité du clergé s’expliquait par ses choix : détaché du régime de Louis-Philippe, il se situait du côté de ceux qui revendiquaient la liberté, mais surtout, avec des laïcs engagés et grâce à des évêques courageux, il plaidait la cause de l’ouvrier que l’industrie moderne réduisait à l’état de machine.
Le 24 février 1848 les révolutionnaires s’emparent du palais Bourbon obligeant Louis-Philippe à abdiquer.
Le gouvernement provisoire proclame la République, instaure le suffrage universel masculin, abolit l’esclavage et la peine de mort. Des ateliers nationaux sont créés pour fournir du travail aux chômeurs.
Mais l’insurrection de juin 1848 suscita bientôt dans l’Eglise Catholique le désenchantement, le reflux des espérances, le silence des prêtres, le reniement de la liberté. Les causes sont multiples : le décalage entre les villes et les villages de France sans doute, mais aussi la crainte de tout bouleversement social, un enseignement routinier, l’inadaptation temps aux évolutions en cours, la peur du principe même de liberté qu’elle refusait d’appliquer à son propre fonctionnement.
La IIème république (1848-1851)
D’abord président de la République, il rétablit la dignité impériale et héréditaire et se fait proclamer empereur sous le nom de Napoléon III.
Pour l’Eglise Catholique:
Dès le mois de mars, l’Assemblée constituante a assuré le triomphe de la liberté de conscience en levant les sanctions prononcées antérieurement à l’encontre de fidèles de cultes non concordataires.
La constitution du 4 novembre 1848, promulguée “en présence de Dieu”[1], conserve les cultes concordataires, mais supprime toute référence propre à la religion catholique. Innovation importante, son article 7 du chapitre II envisage que de nouveaux cultes puissent être reconnus à l’avenir : ” Chacun professe librement sa religion, et reçoit de l’Etat, pour l’exercice de son culte, une égale protection. – Les ministres, soit des cultes actuellement reconnus par la loi, soit de ceux qui seraient reconnus à l’avenir, ont le droit de recevoir un traitement de l’Etat.”[1]
Enfin, au sein de l’Assemblée constituante, se met en place un Comité des cultes, qui comprend, entre autres, trois évêques, trois abbés, quelques représentants du catholicisme intransigeant et du catholicisme libéral, quelques anticléricaux, un protestant. Ce Comité réfléchit à une possible refonte du concordat, en s’attachant particulièrement à quelques points : le budget des cultes, le célibat des prêtres, les procédures disciplinaires au sein de l’Église, la modification du statut des desservants, que certains membres voudraient rendre inamovibles. Démocratiser l’Église — avec l’aval (espéré) de Rome —, afin d’adapter ses structures à celles de la jeune République, tel est le vœu essentiel d’une partie du Comité, dont les travaux, finalement, ne porteront aucun fruit.
Pour les protestants
la majorité des protestants issus des couches moyennes et populaires de la population apporte un soutien clair à la Révolution française de 1848 et à l’avènement du nouveau régime républicain. La Seconde République instaure d’ailleurs la liberté de réunion religieuse, qui était jusque là contestée aux protestants par les autorités locales et surtout par le clergé catholique.
De plus, les initiateurs de la révolution de 1848 et du nouveau régime républicain ne faisaient pas appel à un discours antireligieux, et s’appuyaient sur les pasteurs protestants au même titre que sur les curés catholiques locaux pour planter symboliquement des arbres de la liberté. A cette occasion, de nombreux penseurs et religieux protestants s’illustrent dans le débat politique en faveur du régime républicain, en allant parfois même encore plus loin, comme le pasteur Edmond de Pressensé, proche des thèses des socialistes de son temps, même si plusieurs autres personnalités protestantes, craignant les excès de violences et l’éventuel concurrence du socialisme naissant envers le christianisme, se sont rangées au contraire dans le camp conservateur.
De fait, bien que très largement attachés à l’idée républicaine, le modèle politique souhaité reste très divergent au sein de la communauté protestante selon l’appartenance sociale des individus : si une majorité de la bourgeoisie protestante et les pasteurs les plus influents41 souhaitent une république modérée suffisamment conservatrice pour réprimer les excès de violence de l’époque sans marquer le passage à un régime autoritaire, les protestants plus modestes et la majorité des pasteurs locaux affirment un attachement très vif pour une république « démocratique et sociale » plus ou moins proche des idéaux socialistes
[1] https://www.conseil-constitutionnel.fr/les-constitutions-dans-l-histoire/constitution-de-1848-iie-republique
Second empire (1852-1870)
Eglise catholique
Au lendemain du 2 décembre 1851 jusqu’en 1858, rares sont les catholiques qui refusent de soutenir Louis-Napoléon Bonaparte. En contrepartie du soutien catholique, il multiplie les faveurs à l’Eglise. Le courant intransigeant ou ultramontain fait montre d’une adhésion sans retenue au nouveau régime.
Empire germanique
L’ Allemagne du XIXe siècle
Mise du catholicisme sous tutelle protestante
La confédération germanique de 1815
Le « pacte fédéral » instituant la Confédération germanique en 1815 prévoit (article 16) l’égalité des droits civils et politiques aux fidèles des Églises chrétiennes ; dans le grand duché de Mecklembourg cet article ne sera appliqué qu’en 1885 sous la vive pression du Chancelier-Prince de Bismarck… Mais l’égalité entre catholiques et protestants dans les États luthériens sera théorique :
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- En Prusse où les catholiques représentent 40 % de la population, le pourcentage de catholiques Ministerial-Direktor, officiers ou professeurs titulaires de chaire ne dépasse pas 10 %.
- Dans les universités prussiennes -sauf à Bonn, Breslau et Münster- entre 1880 et 1914 mieux vaut être juif que catholique pour obtenir une chaire.
- Dans l’État catholique qu’est la Bavière, on garantit à l’Église les « droits et prérogatives qui lui reviennent en vertu de l’ordre divin et des dispositions canoniques » mais le roi contrôle les nominations des évêques et des curés et promulgue, après avoir signé un concordat en 1817, un édit largement inspiré par les articles organiques français.
- On retrouve une situation analogue dans les États du Rhin supérieur – Bade, les deux Hesse, Nassau et Wurtemberg.
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Cette mainmise des États protestants sur l’Église catholique conduit par réaction à un essor rapide de l’ultramontanisme. Une élite catholique apparaît, liée à la conversion au catholicisme d’un certain nombre de notables ou d’écrivains.
Méprisé par les directions luthériennes des États et par une élite protestante libérale et rationaliste, le catholicisme allemand va combattre ces tendances au plan politique et au niveau socio-économique.
À la suite des mouvements révolutionnaires de 1848 et sous l’impulsion du Cercle de Mayence est alors constituée le «Pius Verein » association qui va s’engager dans le combat politique avec d’autant plus de facilité qu’il n’y a pas encore en Allemagne de parti politique et permet l’élection de cent députés catholiques sur huit cents.
Lors des débats sur l’unité allemande, les députés catholiques sont favorables à une Grande Allemagne incluant l’Autriche et où les catholiques seraient à égalité avec les protestants. Mais le choix de l’Assemblée se porte sur la Petite Allemagne, dominée par la Prusse protestante. Les catholiques ont compris la nécessité de faire face aux autres Allemands, chez qui domine un profond ressentiment contre les tenants de l’ultramontanisme accusés de surcroît d’être rétrogrades.
Pourtant c’est dans le monde catholique que va naître une approche solide de la question sociale. Cette attitude favorable dès 1837 tant à la condition ouvrière qu’au monde rural persistera très longtemps dans le milieu catholique. Cette position est d’autant plus compréhensible que le patronat allemand comme les grands propriétaires sont majoritairement protestants.
Au Landtag de Prusse est apparu en 1852 une “Katholische Fraktion” qui siège au centre de l’hémicycle, entre les libéraux et le parti conservateur ; très vite ce parti s’appellera le Zentrum et gardera ce titre jusqu’en 1933. Il combat dès son origine pour la parité confessionnelle dans la fonction publique, pour un enseignement confessionnel, pour le maintien des droits et des libertés pour l’Église catholique.
Le Kulturkampf (ou « Le combat pour la civilisation »)
La situation tendue que connaît l’Église en Allemagne est aggravée par deux maladresses du Zentrum. Celui-ci réclame en effet l’intervention du Reich afin de rendre au Saint-Siège les États qu’il a perdus en 1870 et d’obliger les États à reconnaître les droits et les libertés des Églises.
Bismarck se sent agressé et avec ses alliés libéraux-nationaux et conservateurs, il riposte durement. Bismarck a peur d’une alliance franco-autrichienne soutenue par les catholiques du Reich et estime que les catholiques ne peuvent être de « bons Allemands tant qu’ils dépendront d’un souverain étranger » (le Pape).
Après l’établissement du IIeme Reich [2] le 18 janvier 1871, Bismarck cherche à rompre les liens entre Rome et l’Église catholique d’Allemagne et à placer celle-ci -perçue comme une menace à l’unité nationale- sous la tutelle de l’État
Cette loi (le Kulturkampf) établissait le mariage civil, l’interdiction des ordres religieux en Prusse et l’obligation pour les prêtres de passer un examen devant les universités d’État, ce qui était la règle depuis la Réforme pour les pasteurs.
De 1871 à 1878, le Kulturkampf va crescendo. Ainsi, avec le Kanzelparagraph, le « paragraphe de la chaire », voté en 1871, il est interdit aux prêtres en chaire de parler de politique sous peine d’une sanction d’emprisonnement de deux ans ferme. En 1872, les établissements jésuites sont interdits sur tout le territoire. En 1873, les « lois de mai » décident de l’affectation des ecclésiastiques. En 1875, les subventions publiques sont coupées pour les institutions qui ne se soumettent pas. Tous les ordres religieux catholiques sont expulsés d’Allemagne et leurs biens, écoles et couvents confisqués. Des prêtres réfractaires sont déchus de leur nationalité.
La situation s’améliore car Bismarck a besoin du soutien catholique contre les socialistes ; comme le Zentrum refuse de négocier, l’accord se fait sur son dos directement entre Berlin et Rome. Léon XIII récuse les positions politiques à caractère démocratique du parti catholique. Par contre Rome avalise les positions sociales des catholiques allemands qui vont soutenir la politique bismarckienne des lois de sécurité sociale de 1883 à 1891.
Peu à peu le peuple catholique, dont la piété ne faiblit point, s’intègre dans l’Empire mais sa place dans la société demeure seconde.
l’Eglise et l’ Italie au 19°s
Evolution politique territoriale : le Risorgimento
Jusqu’au milieu du XIX° siècle, on pouvait considérer que, selon la définition de Metternich, l’Italie était une « expression géographique »
Le Risorgimento ou unification italienne, est la période de l’histoire de l’Italie au terme de laquelle les rois de la maison de Savoie unifient une grande partie de la région géographique italienne par l’annexion du royaume de Lombardie-Vénétie, du royaume des Deux-Siciles, du duché de Modène et Reggio, du grand-duché de Toscane, du duché de Parme et des États pontificaux au royaume de Sardaigne.
Fin des états pontificaux
[1] Les Légations étaient les noms donnés aux 5 grandes régions qui divisaient administrativement les États pontificaux entre la Restauration (1815) et la Prise de Rome (1870).
XIX Le concile Vatican I (1869-1870)
Contexte politique
Ce concile s’inscrit dans un contexte géopolitique très troublé, marqué sur le plan italien par le Risorgimento – (l’unification italienne[1]) et la fin des ‘États pontificaux’ et leur corollaire que l’on appellera la question romaine[2], et sur le plan international par la guerre franco-prussienne de 1870.
Le concile s’ouvre alors que, depuis 1861, le pape a perdu son pouvoir temporel sur les États pontificaux, à l’exception de la ville de Rome, protégée en 1869 par une brigade française, ce qui leur assure une relative sécurité.
Contexte religieux
Le 29 juin 1867, à l’occasion de la fête des saints Pierre et Paul, il annonce son intention de convoquer un concile. Il remet aux évêques présents un questionnaire sur l’état de l’Église.
Une des innovations les plus notables de Vatican I, par rapport aux conciles antérieurs, a été d’instituer à Rome six commissions qui ont travaillé en amont du concile pendant plus de deux ans. Ainsi, en décembre 1869, d’importantes réflexions ont déjà été menées, des projets de constitution sont déjà prêts et les pères conciliaires n’ont plus qu’à les discuter et les amender avant de les voter. Et si seules deux constitutions sont votées par l’assemblée plénière du concile, la plupart des 51 projets de décrets élaborés ont été utilisés dans les enseignements postérieurs au concile par les successeurs de Pie IX.
Le 28 juin 1868, la bulle d’indiction Æterni Patris convoque les évêques catholiques pour un concile devant se tenir à Rome dès le 8 décembre 1869. La bulle trace le programme de la future assemblée : défense de la foi contre les erreurs du temps, précédemment condamnées par le Syllabus ; mise à jour des canons du concile de Trente. Une invitation est envoyée à l’ensemble de l’épiscopat catholique et même à des dignitaires orthodoxes.
Le Concile
Le concile est ouvert le 8 décembre 1869. Sur les mille évêques invités, 700 sont présents.
Au début du concile, plusieurs évêques demandent l’unification des trop nombreux recueils de droit canon qui se sont développés de façon quelque peu anarchique.
- La majorité comprend notamment le cardinal Bilio, et divers évêques.
- La minorité comprend notamment les cardinaux Rauscher (Vienne), Mathieu (Besançon), Schwarzenberg (Prague) et divers évêques (beaucoup d’ allemands et français)
Après plusieurs sessions, des travaux difficiles et des débats complexes, seules deux constitutions dogmatiques ont finalement pu être votées et ratifiées quand, le 20 septembre 1870, les troupes italiennes pénètrent dans Rome.
Les deux constitutions dogmatiques
Dei Filius
La première, Dei Filius [3], porte sur les rapports entre foi et raison est votée à l’unanimité par les Pères conciliaires et ratifiée aussitôt par le pape le 24 avril 1870.
Pastor Æternus
La deuxième, Pastor Æternus [4], qui devait être un traité complet sur l’Église du Christ, reste inachevée. Seule la dernière partie sur le rôle de la papauté dans l’Eglise et son dernier chapitre sur l’infaillibilité pontificale sont votés et promulgués, en juillet 1870, par le pape Pie IX. L’absence d’un texte complet a donné une place et importance disproportionnée à la question de l’infaillibilité pontificale.
Décret sur la foi
Postérité des schémas préconciliaires
Les commissions pour la discipline ecclésiastique et pour la vie religieuse travaillent dans le sens d’une simplification. Et lorsque saint Pie X décidera, en 1904, de rassembler l’ensemble des lois et décrets gouvernants l’Église pour élaborer un code universel de droit canonique, la commission chargée de ce travail reprend les projets de décrets rédigés en 1869 par Vatican I. Le Code de droit canon de saint Pie X est promulgué en 1917.
Un autre projet de décret de Vatican I concerne l’élaboration d’un cathéchisme universel, afin d’unifier les multiples catéchismes publiés par chaque diocèse. Il a fallu, pour cette requête, attendre le catéchisme de l’Église catholique publié sous saint Jean Paul II en 1992.
Sur la doctrine chrétienne du mariage : la commission doctrinale de Vatican I a rédigé un schéma sur le mariage, institution particulièrement attaquée à cette époque par la mise en place des unions civiles et du divorce. Léon XIII, utilise ce texte pour rédiger Arcanum divinae, première encyclique spécifiquement consacrée au mariage, publiée en 1880.
La commission pour les missions a rédigé en 1869 un projet de constitution qui n’avait pu, lui non plus, être voté par les pères conciliaires. Le texte évoque les méthodes d’apostolat et prescrit la formation d’un clergé local. Ce schéma d’étude est repris par Benoît XV en 1919 dans sa grande encyclique missionnaire Maximum illud. Les textes préparés par Vatican I orientent et éclairent le renouveau théologique des missions. Sous Benoît XV, tout comme sous Pie IX, on insiste sur le recrutement et la formation d’un clergé local, naturellement plus à même « d’introduire la foi chez ses compatriotes » qu’un clergé étranger.
Bilan et conséquences
Le monde catholique accepta dans son ensemble les décisions conciliaires. Cependant Vatican I reste comme un concile de fermeture de l’Eglise à son temps et du repli sur le pouvoir pontifical.
- La Constitution Pastor aeternus renforce la primauté du pape en lui donnant un pouvoir plénier et universel sur toute l’Eglise, les pasteurs et les fidèles.
- La proclamation de l’infaillibilité pontificale, même encadrée, secoue l’opinion publique. L’impact du texte ira au-delà des intentions des pères conciliaires.
Un certain nombre de fidèles et de prêtres rejettent l’infaillibilité pontificale, notamment dans les pays germaniques, Autriche et Suisse. En Prusse, ce sera un des éléments déclancheur du Kulturkampf.
Avec le soutien des pouvoirs publics anticléricaux, des catholiques libéraux vont bientôt se regrouper.
Naissance des Églises Vieilles Catholiques
Un groupe se sépara de l’Église catholique romaine à cette occasion. C’est la naissance des Églises Vieilles Catholiques [6] “modernes”
Après l’excommunication d’Ignace von Dollinger (éminente personnalité du monde intellectuel catholique) le 17 avril 1871, les Vieux-Catholiques [7] se considèrent comme les authentiques représentants du catholicisme.
En septembre 1871, une rencontre des Vieux-Catholiques se tient à Munich. Malgré les réticences de Dollinger, ils décident de se constituer en dénomination indépendante et d’avoir leur propre liturgie.
Naissance de l’Église Catholique-Chrétienne (église Vieille-Catholique de Suisse)
- En 1872, alors que le concile Vatican 1 promulguait plusieurs dogmes dont celui de l’infaillibilité pontificale, un rassemblement d’environ 2500 catholiques se réunit à Olten, en Suisse, pour fonder un nouvelle communauté et poser les premiers éléments d’une organisation ecclésiale indépendante de Rome.
- Deux ans plus tard, toujours à Olten, le 1er synode de la nouvelle Eglise adopta sa constitution.
- Enfin en 1876, elle nomma le premier évêque Catholique-Chrétien dans l’église Saint-Martin à Olten.
Pie IX ayant vivement critiqué le Kulturkampf en Suisse dans l’encyclique Etsi multa luctuosa [8] du 21 novembre 1873, le Conseil fédéral rompt les relations diplomatiques avec le Saint-Siège et, expulse le nonce apostolique.
La Constitution fédérale fut acceptée peu après, en 1874, avec ses articles d’exception dirigés contre l’Eglise catholique.
Un concile incomplet [9]
Vous avez dit infaillible ?
- l’Eglise d’Utrecht, née en 1724 quand le chapitre de l’Eglise défendit son droit ancien d’élire l’archevêque d’Utrecht, en dépit de l’opposition de Rome, qui est à l’origine de l’Union d’Utrecht
- les Eglises Vieilles-Catholiques d’Allemagne, d’Autriche et de Suisse, qui refusèrent d’accepter les dogmes de l’infaillibilité et de la primauté universelle de juridiction du pape définis par le Concile Vatican I ,
- plusieurs petits groupes d’origine d’Europe de l’est (Pologne, Croatie…)
XX La rupture avec la classe ouvrière au 19°s
La “question ouvrière”
(Source principale: BRON Jean. Histoire du mouvement ouvrier français. Tome 1. Les éditions ouvrières, Paris 1968)
Elle n’est pas absente des préoccupations de l’épiscopat, depuis la période révolutionnaire et tout au long du XIXeme siècle [1] mais elle se base sur une vision individualiste de la liberté issue du décret d’Allarde et de la loi Le Chapelier de 1791 [2]. Dans cette vision il existe des individus travaillant comme ouvriers dans les manufactures comme il existe des individus travaillant dans les champs, des individus artisans ou des individus chefs d’entreprise, ect…
Le 19°siecle
-
- l’installation de la haute bourgeoisie, financièrement et économiquement prépondérante, au pouvoir politique avec la Restauration.
- la naissance du machinisme industriel, grâce à la vapeur, à partir de 1830 dans les filatures et dans la métallurgie dans le dernier quart du siècle.
Ce développement de la machine industrielle va changer la donne sociale. La force hydraulique qui cantonne les manufactures près des cours d’eau est peu à peu supplantée par la vapeur avec comme conséquence :
-
- de favoriser l’implantation industrielle près des mines de charbon et de fer pour la métallurgie, mais n’importe où pour les industries diverses.
- de démultiplier la capacité de production.
- de démultiplier par conséquence le besoin d’heures de travail et donc de main d’œuvre.[3]
Conditions de travail
L’espérance de vie moyenne d’un ouvrier au milieu du 19eme siècle, est de 30 ans en filature, 40 ans en métallurgie
Au départ, la classe ouvrière est formée surtout d’individus déracinés, illettrés, sans tradition de luttes, habitués à subir les évènements avec résignation. Ce sont donc surtout les artisans et les compagnons qui constituent l’avant garde et jettent les bases du mouvement ouvrier.
En France, la suppression du délit de coalition et la reconnaissance du droit de grève n’ont lieu qu’en 1864. En 1879, au congrès de Marseille, le mouvement ouvrier définit son idéologie. des syndicats se constituent alors petit à petit. En 1884, l’existence des syndicats est reconnue par la loi (loi Waldeck-Rousseau)
-
- la question sociale que l’industrialisation du pays va rendre de plus en plus aigüe et dramatique
- le progrès, la rénovation et l’amélioration de l’humanité sont non seulement une réalité historique, mais qu’ils sont intrinsèquement liés à ce que veut la foi chrétienne.
Ce courant d’idées, contemporain et rival du socialisme, culmine en 1848 avec la révolution de février, avant de marquer le pas sous le Second Empire. Sa renaissance en France est traditionnellement liée à la fondation en 1871 des « Cercles catholiques d’ouvriers » et de « l’Union des œuvres ouvrières catholiques » par Albert de Mun [4] et Maurice Maignen [5] dans le contexte de la mise en place de la Troisième république (1871).
Cependant, si on regarde l’ensemble de l’Église dans le dernier quart du siècle, l’impression domine que la peur des révolutions violentes et une volonté plutôt restauratrice de l’ordre social, encore conçu sur un modèle à dominante rurale, ont pour conséquence que l’alerte donnée par une première génération de socialistes chrétiens a fait long feu, les élites catholiques s’en tenant aux formes classiques de la charité, les autres étant selon le mot de René de La Tour du Pin “Un peu moins pires que nuls” [6]
Il semble que l’Église, malgré la question politique qui l’oppose aux états laïcs, fait peu à peu alliance avec la bourgeoisie dominante [7]
Pendant ce temps des doctrines sociales laïques vont naître qui pensent l’ouvrier dans ses interactions solidaires: St Simon, Fourrier, Godin et le familistère. Les premières associations ouvrières vont naître à travers des œuvres de secours mutuel dans les usines.
L’opium du peuple
L’encyclique Rerum Novarum du pape Léon XIII [12]
Rappel historique
La terrible exploitation et la pauvreté des travailleurs européens et nord-américains à la fin du XIXe siècle ont incité Léon XIII à écrire Rerum Novarum . Le document s’inspire du travail de l’Union de Fribourg, un mouvement d’action sociale catholique en Allemagne, et de la demande de la hiérarchie catholique en Angleterre, en Irlande et aux États-Unis.
Vue d’ensemble
Cette encyclique, Rerum Novarum (selon la traduction du Vatican, “des innovations”), va non seulement ébranler bon nombre de catholiques, mais surtout poser les fondements de la doctrine sociale de l’Eglise.
Dans son introduction, le souverain pontife se montre attentif à la tension croissante qui règne dans les rapports entre patrons et ouvriers. Il ébauche des propositions pour tenter de rétablir une certaine forme d’équité entre les deux parties, en soulignant la complémentarité indissociable entre le capital et le travail.
Léon XIII n’hésite pas à condamner le sort réservé aux ouvriers ainsi que la concentration des industries et du commerce dans les mains d’une poignée de personnes “cupides“. Il reconnaît même la nécessité pour les ouvriers de s’organiser en créant si possible des corporations, au pire des syndicats chrétiens. Pour autant, ce texte ne remet pas en cause l’existence des hiérarchies des différentes classes sociales qu’il enjoint aux ouvriers de respecter au nom d’un “état naturel” des choses supposé d’ordre divin.
Je ne puis que noter, à la lecture de cette encyclique, la pertinence de l’analyse de Marx, sans pour autant en tirer les mêmes conclusions que lui sur tous les plans.
Rerum Novarum réaffirme son opposition aux idées socialistes et surtout à l’abolition de la propriété privée.
L’une des avancées les plus importantes consiste dans l’idée de complémentarité du capital et du travail : Rerum Novarum se prononce clairement contre l’assimilation du travail à une marchandise, en déclarant qu’une telle vision est absolument incompatible avec la dignité humaine.
D’un autre côté, à propos de la construction de l’État social, l’encyclique cherche surtout à se distinguer du socialisme puisqu’elle insiste plutôt sur la responsabilité des familles : les interventions de l’État doivent demeurer sporadiques et il n’y a pas de « droits sociaux ». (Et en cela l’encyclique s’éloigne de Thomas d’Aquin)
Le “libéralisme chrétien” est roi. (Cela donnera plus tard en Europe les partis se réclamant de la “démocratie chrétienne.)
Cette question de la propriété privée comme base de l’ordre social est sans doute une des grandes faiblesses de “Rerum Novarum”, avec l’incapacité des hiérarques du Vatican de penser la société autrement que selon le modèle passé amendé, et surtout l’impossibilité de conceptualiser la propriété sociale [14]. D’ailleurs, à la fin de l’encyclique, Léon XIII passe en revue les structures possibles d’associations ouvrières chrétiennes. S’il n’exclut pas le syndicat ouvrier, il semble préférer si possible les corporations telles qu’elles existaient avant 1791 en France et, plus tard encore en Europe.
Un ratage type: Marc Sangnier et “le Sillon”
Il y a dans la doctrine sociale de l’Eglise Catholique qui se met en place (et qui dure toujours [15]) un coté irréaliste basé sur une vision irénique des rapports sociaux. Un exemple caractéristique est le conflit avec Marc Sangnier et “le Sillon” au début du 20°s
Le Sillon était un mouvement politique et idéologique français fondé en 1898 par Marc Sangnier (1873-1950). Il vise à rapprocher le catholicisme de la République, en s’offrant aux ouvriers comme remplacement aux mouvements de la gauche anticléricale et matérialiste.
« Le Sillon a pour but de réaliser en France la république démocratique. Ce n’est donc pas un mouvement catholique, en ce sens que ce n’est pas une œuvre dont le but particulier est de se mettre à la disposition des évêques et des curés pour les aider dans leur ministère propre. Le Sillon est donc un mouvement laïque, ce qui n’empêche pas qu’il soit aussi un mouvement profondément religieux. » (Marc Sangnier, article dans La Croix, 1905)
Le Sillon fédère puis intègre en 1905 les nombreux « cercles d’études catholiques », où jeunes et prêtres discutent de religion, de société. L’ambiance est nouvelle : la vérité ne tombe pas du haut, de l’institution, c’est l’échange qui prime. Le mouvement rassemble jusqu’à 25 000 personnes. À cette époque, le Sillon bénéficie de l’appui du pape Pie X et de l’épiscopat français.
Cependant trop moderniste et républicain par rapport au reste de l’Église traumatisée en 1905 par la loi de séparation de l’Église et de l’État, le mouvement est de plus en plus critiqué, notamment parce qu’il affirme l’autorité des chrétiens sur l’Église face à celle du pape et des évêques.
Le Sillon est finalement condamné par la lettre pontificale du Notre charge apostolique [9] et, accusé de « modernisme social».
Bilan
Alors que les catholiques sociaux étaient méprisés et combattus par une hiérarchie épiscopale complice d’un patronat libéral hostile à toute forme d’encadrement de la liberté économique et d’organisation ouvrière, la fin du kulturkampf en Allemagne libère la parole.
[17] Encyclique “Graves de communi re”: https://www.vatican.va/content/leo-xiii/fr/encyclicals/documents/hf_l-xiii_enc_18011901_graves-de-communi-re.html
XXI 19eme siècle. Les débuts de l’œcuménisme
Les jardins de Madère
le petit commencement de l’engagement œcuménique de quelques catholiques à l’époque contemporaine en décembre 1889, se situe dans un jardin, à Funchal, dans l’île de Madère au large du Portugal. Deux hommes marchent côte à côte en s’entretenant.
Le plus jeune s’appelle Fernand Portal, il a 34 ans [1]. Il est français, cévenol, fils de cordonnier. Il est entré à 19 ans chez les Lazaristes pour être missionnaire. l a été ordonné prêtre en 1880.
Il croyait qu’on allait l’envoyer en Chine. Mais sa santé qui est fragilisée depuis 1878 par une infection pulmonaire l’oblige à renoncer à cette voie. Après une dizaine d’années de professorat dans divers grands séminaires méridionaux à Tours, à Oran, à Lisbonne, à Nice et à Cahors, des hémoptysies l’obligent à un séjour au soleil.
Cette année-là 1889, il a été envoyé à Madère pour remplacer l’aumônier de l’Hospice Marie-Amélie. Il s’embête ferme.
L’autre homme, un peu plus âgé (50 ans), qui marche à côté de lui, s’appelle Charles Lindley Wood, plus connu sous son titre de Lord Halifax [2]. Il séjourne à Madère pour soigner son fils Charles, tuberculeux.
La rencontre entre les deux hommes, ce prêtre lazariste intelligent et ouvert pour son temps, grand lecteur de Newman et de Mohler et puis ce laïc anglican si proche du catholicisme, va faire merveille. Les deux hommes, passionnés d’histoire des dogmes et sensibles à la division des églises, entament une grande amitié – qui va durer près de 40 ans.
Ces conversations privées de Madère ont fait naître, surtout chez Portal pour qui elles sont un déclic, un désir d’œuvrer à l’union des deux églises. En 1890, Portal a proposé à Lord Halifax de se convertir au catholicisme, mais devant le refus très net de l’anglais, il a compris que l’entreprise à mener, bien plus intéressante, était de nouer un dialogue, sur un pied d’égalité, entre l’Eglise romaine et la Communion anglicane.
“Il y a la conduite providentielle de Dieu, mais il y a aussi un aspect qui touche à celui auquel je veux m’attacher ; la rencontre est rencontre d’un autre. Celle de Halifax par Portal a été celle d’un autre monde spirituel, le monde de l’anglo-catholicisme. L’Église […] ne reconnaissait les autres que comme extérieurs à la cité de la vérité, comme adversaires à réfuter et à combattre. Le Père Portal […] s’est vu ouvrir […] l’accès à un autre monde spirituel. Assez « autre » pour ne pas être réduit à l’identique, assez homogène et conforme pour qu’on pût parler d’union. Avec ces deux traits, on a déjà la logique de « l’Église anglicane unie, non absorbée… Portal doit à l’amitié d’Halifax d’avoir compris des choses qu’aucun livre ne peut apporter “.[3]
Sur la validité des ordinations anglicanes
La publication de ces brochures suscite de vives réactions et pour la première fois, la presse se faisait l’écho d’un débat œcuménique. Léon XIII réunit alors une commission pontificale chargée d’étudier de façon plus approfondie les ordres anglicans, comptant parmi ses membres des personnalités qui deviendront acteurs dans la crise moderniste tel Mgr Merry del Val ou le Père Duchesne.
Côté Portal et Halifax, on espère beaucoup[5]. On a tord.
La commission a conclu, pour les ordinations de l’Eglise d’Angleterre, à un défaut de forme et d’intention.
La décision pontificale est brutale et, par la publication de la bulle Apostolicae Curae [6] du 18 septembre 1896, elle déclare : “De notre propre mouvement et de science certaine, nous prononçons et déclarons que les ordinations conférées selon le rite anglican ont été et sont absolument vaines et entièrement nulles…”
Une déclaration un peu raide, mais en réalité une position « tutioriste », c’est-à-dire plus tranchée que nécessaire peut-être, mais par précaution, pour éviter de déclarer valides des ordres qui ne le seraient finalement pas.
Du côté de Portal, cependant, positif et optimiste, la réaction est courageuse : « L’avenir est aux pacifiques, écrit-il à son ami anglais, ce que vous avez fait, vous et les vôtres, pour la réunion de la chrétienté, sera l’éternelle gloire de l’Eglise anglicane. »
Raidissement catholique
Ia revue Anglo-romaine est interdite. Portal doit partir pour le grand séminaire de Châlons-sur-Marne sur ordre de son supérieur général.
Rappelé à Paris pour diriger le nouveau Séminaire universitaire Saint-Vincent-de-Paul, il fait de l’endroit un lieu d’ouverture et d’échanges, n’hésitant pas à inviter des anglicans, des protestants ou des incroyants. Il fonde alors une nouvelle revue, la Revue catholique des Églises, pour faire connaître les travaux de son cercle d’études et qui compte d’éminents collaborateurs. Il fonde également l’association des Dames de l’Union, sans vœux et sans costume particulier, dont la vocation est de se consacrer aux enfants et aux pauvres et dont il veut faire les « messagères de l’Unité par la Charité ».
Il se retrouve alors à nouveau, en 1908, sous les foudres du Vatican à travers le cardinal Merry del Val devenu entre-temps secrétaire d’État du pape Pie X, qui ordonne que le père Fernand Portal, soupçonné de modernisme, soit démis de ses fonctions avec interdiction définitive de publier et de parler en public.
Fernand Portal doit abandonner son poste de supérieur et cesser la parution de sa revue. Ce qui n’empêchera pas M. Portal, bientôt officieux aumônier des étudiants normaliens à Paris, d’engendrer quantité de vocations œcuménistes, Antoine Martel, Jean Guitton, Pierre Pascal, Yves Congar etc. et de frayer avec tout le monde, de Clémenceau à Teilhard de Chardin.
XXII La fin du 19eme siècle.
Eglise catholique
Le raidissement de Léon XIII a plusieurs causes :
-
- l’ échec d’une politique de conciliation avec la république française (Deux décrets du 29 mars 1880 disposent que la Compagnie de Jésus, doit être dissoute dans les trois mois et que les autres congrégations auraient trois mois pour déposer une demande d’autorisation sous peine de dissolution[1]) remise en cause du concordat de 1801 etc…
- la liberté d’interprétation dans les études bibliques : ça avait plutôt bien commencé (ouverture du fond des archives vaticanes) en 1893, encyclique Providentissimus deus[2] en 1997, mais pressé par les conservateurs de la curie il fait machine arrière en 1899 : «Nous avons donnés dans Notre Encyclique Providentissimus Deus, dont nous désirons que les professeurs donnent connaissance à leurs disciples, en y ajoutant les explications nécessaires. Ils les mettront spécialement en garde contre des tendances inquiétantes qui cherchent à s’introduire dans l’interprétation de la Bible, et qui, si elles venaient à prévaloir, ne tarderaient pas à en ruiner l’inspiration et le caractère surnaturels[3] ».
et des conséquences qui vont se développer sous Pie X :
-
- Sur le dialogue avec les autres Eglises en 1896 : Apostolicae Curae sur la nullité des ordinations anglicanes
- Sur la censure des livres en 1897 : Officiorum ac munerum
Léon XIII s’éteint en 1903, pasteur estimé d’une Eglise qui se recroqueville sur elle-même au niveau dogmatique, exégétique, théologique ; dont le dialogue avec la société civile se tend en Italie, en France, et en Europe en général, excepté avec l’Allemagne du puissant parti Zentrum et auprès de la monarchie Austro-Hongroise.
Communion anglicane
Création de l’Armée du salut en 1878 en Angleterre
Elle naît en pleine révolution industrielle, à la fin du 19eme siècle, par le pasteur méthodiste[4] anglais William Booth, scandalisé par le spectacle des foules ouvrières qui s’entassent dans les quartiers pauvres de l’Est londonien.
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