Edito : C’est l’été

Bonjour. Le temps de me familiariser (un peu) avec un nouvel éditeur de texte et me revoilà.

 Il s’est passé bien des choses en deux mois.

Entre autres: le décès de François le 21 avril et élection de Léon le 8 mai qui ont mis le monde sans dessus dessous (voir l’article d’Emmanuel Tourpe), la commémoration des 500 ans des Eglises anabaptistes non-violentes dont est issue l’ Eglise mennonite qui a été célébrée à Zurich avec les autres Eglises chrétiennes.

    

Divers rassemblements de jeunes vont avoir lieu cet été :

 WELCOME TO PARADISE avec la Communauté du chemin Neuf :

du 21 au 26 juillet

et du 4 au 9 aout

Le GRAND KIFF  avec les Eglises évangéliques à la Force en Dordogne

du 25 au 29 juillet.

 


Bonnes vacances à tous

que le Seigneur garde et bénisse tous et chacun

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On a découvert le « secret » longtemps caché de l’Église catholique !

 

On a découvert le « secret » longtemps caché de l’Église catholique !

     Face à l’idolâtrie dont bénéficier le nouveau Pape, il est temps de laisser apparaître la vérité de l’Église : ce qu’elle accomplit dans la discrétion absolue.
Une chronique d’Emmanuel Tourpe, homme de médias, paru dans « la libre Belgique », publiée le 31-05-2025

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     Mon beau-père, avant sa conversion  in articulo mortis , me faisait souvent sourire en chantant, en bon belge, des chants contre les « calotins ». Il se serait sans doute déchaîné devant le débordement d’émotions qui a suivi l’élection de Léon XIV. Celui-ci n’a encore rien dit, ni rien fait, on l’adore déjà. Un média catholique amoureux son sens de l’humour, un autre se demande s’il va abandonner la papamobile blanche, un troisième fait la une de sa rencontre avec un joueur de tennis, ou s’ébaubit qu’il fasse du foot. On pousse des petits cris admiratifs devant sa montre à bas prix. On le trouve si beau, si intelligent. On lui invente des décisions qu’il n’a pas prises.

     L’élection d’un Pape, dans notre société de l’émotion reine et des ressentis souverains, est devenue la somme parfois risible de toutes les idéalisations et projections. Les progressistes le trouvent très à leur goût, les traditionalistes ont décidé qu’il était des leurs : chacun fantasme en l’adulant d’autant plus qu’il a moins parlé.

     J’ai autrefois traduit  La mort du pape  d’Antonio Mastino, et je dois bien dire qu’à la longue vue de l’histoire, les papes médiocres ont été plus nombreux que les saints. J’aurais même tendance à penser qu’il y aurait plus de foi à recevoir un successeur de Pierre pétri de défauts évidents, plus d’espérance à en attendre la réalisation de Dieu, que dans cette affectivité débordante qui va surtout dans le sens d’un culte de la personnalité tout à fait contraire au souhait de Léon XIV lui-même.

Voir l’ensemble

      Cette manière de se surconcentrer sur des personnes types est un problème chez les catholiques -mais aussi chez ceux qui ne le sont pas. À force de jouer à ce petit jeu de la personnalisation ou de la symbolisation à outrance, on en arrive à oblitérer, par quelques arbres majestueux, ou pourris, la vaste végétation de ceux qui sont l’Église au quotidien.

Ainsi donc, l’œuvre incontestable de charité prodiguée par l’Église dans toute l’histoire et dans le monde entier serait à occulter à cause de figures sombres (l’abbé Pierre, le Père Maciel, Jean Vanier…) ou d’institutions perverses (Betharam, Magdalene Sisters) ? Ainsi donc le christianisme ce serait ces mauvaises herbes au milieu des blés, et non la moisson elle-même ?

     Le risque papolâtre a effectivement son exact pendant dans la suspicion ordinaire, qui se focalise exclusivement sur les failles de certaines figures minoritaires, et n’est plus capable de voir l’ensemble du catholicum.

     L’ensemble, c’est ce prêtre rencontré à Papeete, qui rassemble autour de la cathédrale une cour des miracles hallucinantes : nues ou en haillons, transgenres et obèses, qu’il nourrit du matin au soir. L’ensemble, ce sont les milliers de sœurs de la Charité de toutes nations qui soignent, lavent, consolent, guérissent partout dans le monde. L’ensemble ce sont les jeunes chrétiens qui se battent contre la pauvreté dans les bidonvilles. C’est la communauté Sant’Egidio, les cafés Dorothy, la fondation Lazare. C’est Agnès, qui va humblement chaque jour fleurir l’autel et Gérard qui passe ses soirées à faire les comptes de la Fabrique. C’est Pierre qui est au service de sa communauté depuis dix ans et mange seul sa boîte de sardine le soir avant d’aller donner la communion aux malades.

Ne pas oublier les magnifiques

      Tous ces gens admirables se taisent, n’osent pas clamer ce qu’ils font ; l’on finit alors par se focaliser sur quelques scandaleux et par oublier, les magnifiques. Un secret toujours plus lourd voile l’intensité du bien qui est à l’œuvre partout, et devient imperceptible.

     Le voilà ce fameux « secret » de l’Église, tant recherché par des ésotéristes de tout poil. Il est bien dans l’action mutique et souterraine des baptisés d’innombrables qui, partout, se donnent sans réserve. C’est le service taiseux et obscur des pauvres, trésor des chrétiens. C’est l’amour discret, jour après jour, opérant dans l’ombre et ne cherchant pas la gloire.

     Ca suffit de ne voir dans l’Église que les pervers qui ont sali son image, ou d’assimiler les prêtres à des pédophiles en puissance ! Ca suffit de personnaliser – que ce soit en adulant le Pape, ou en oubliant, volontairement sans doute, l’immense nappe de charité chrétienne dont on ne parle jamais ! C’est l’heure de lever ce secret.  Il est temps de faire voir le fleuve d’eau claire, immensément beau, de ce que l’Église accomplit dans la discrétion absolue.

     Toute personnalisation affective écartée -qu’elle vienne des catholiques ou des médias-, il est temps de laisser apparaître la vérité de cette Église. Et cette fois, en s’appuyant, sans tentation idéalisatrice, sur les mots forts du nouveau Pape, prononcés le 18 mai. Bien peu les ont reçus de plein fouet. Il en appelle « à une Église unie, signe d’unité et de communion, qui devienne ferment pour un monde réconcilié. Nous voulons être un petit levain d’unité, de communion, de fraternité » .

     Un « petit levain » : voilà le secret de l’Église, caché derrière des frasques et des perversions qui ne sont pas sa réalité profonde.

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500 ans : Le courage d’aimer

L’année 2025 est l’année de la commémoration des 500 ans de l’anabaptisme non-violent dont est issue l’Église mennonite. « Le courage d’aimer » a été le thème retenu pour faire mémoire de cette période de l’histoire de la Réforme du XVIe siècle. Le 29 mai dernier, une célébration œcuménique a eu lieu à Zurich (Suisse) au cours de laquelle plusieurs gestes concrets ont signifié la réconciliation déjà advenue, ou encore espérée, entre nos Églises : une onction d’huile entre la responsable de la Fédération Luthérienne Mondiale et un mennonite, un lavement des pieds entre le responsable international des Réformés et celui des mennonites, un message du pape Léon XIV lu par le Cardinal Kurt Koch, préfet du Dicastère pour la promotion de l’unité des chrétiens au Vatican

Cette célébration a été l’occasion de recevoir liturgiquement les dialogues œcuméniques entre plusieurs Églises et l’ Eglise mennonites, dialogues dans lesquels notre sœur Anne-Cathy Graber (ccn), pasteure et théologienne mennonite, est engagée.

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Un chrétien contre Hitler et le régime nazi : Dietrich Bonhoeffer

Un chrétien contre Hitler et le régime nazi.
Dietrich Bonhoeffer : dire Dieu dans un monde sans Dieu

 

Par le Pasteur Yves Noyer [1]
Saint-Léger éditions | janvier 2024
Dietrich Bonhoeffer, pasteur allemand, né le 4 février 1906 à Breslau,  a eu une vie courte. Son engagement contre la barbarie nazie lui a valu d’être exécuté le 9 avril 1945 au camp de concentration de Flossenbürg en Bavière, quelques jours avant la fin de la Seconde guerre mondiale.
Résistant dès les tout premiers jours au régime hitlérien, il a fondé sa critique du nazisme sur sa réflexion théologique. Le président du Reich a appelé Adolf Hitler à former un gouvernement le 31 janvier 1931. Dietrich Bonhoeffer a pris position dans un discours radiodiffusé le 2 février 1933. Difficile de faire plus court !

Le livre retrace la vie du théologien, ses écrits et son engagement dans le combat contre Hitler et le régime nazi, combat qui est allé jusqu’à participer à la conspiration contre le Führer.

Que ferait Dietrich Bonhoeffer dans l’époque actuelle où le destin tragique des femmes, des hommes, et des enfants s’étale quotidiennement dans les médias ? Quel résistant serait-il ? L’histoire de sa vie et de son engagement nous invite à nous interroger sur notre manière de vivre l’Évangile quand on est chrétien ou sur nos choix en tant que citoyen.

Son parcours est également associé au mouvement oecuménique alors en train de se développer, car Bonhoeffer s’y est aussi engagé de manière résolue.

À ce titre, Dietrich Bonhoeffer est un de nos contemporains et nous aide à vivre l’Évangile au sein même de l’époque actuelle marquée elle aussi par la tragédie.

Voilà pourquoi il est si important de le connaître !


Le pasteur Yves Noyer animera le mardi 11 mars 2025 à 20h,
à la paroisse protestante de Rouen (45 rue de Buffon 76000 Rouen),
une conférence sur Dietrich Bonhoeffer.
.

[1] Yves Noyer a été pasteur de l’Église protestante unie de France (EPUdF, communion luthéro-réformée) jusqu’en 2018.
Né en 1950, il a fait des études de droit de 1970 à 1975 et des études de théologie de 1974 à 1980, et a exercé plusieurs fonctions au sein de l’Eglise réformée (animation de sessions œcuméniques, membre du Synode national…) tout en exerçant la fonction de pasteur en paroisse. De 2014 à 2018 il a été animateur théologique pour la région Nord-Normandie de l’Eglise Protestante Unie de France. Il a également été responsable des relations œcuméniques dans les Régions Ouest et Nord-Normandie et Président de l’Association Chrétienne Œcuménique de Normandie (ACONor) de 2011 à 2018.
Il est titulaire d’un Master de théologie (IPT Paris) sur la vie et l’œuvre de Dietrich Bonhoeffer et son actualité.

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Retour sur la semaine de prière pour l’unité des chrétiens à Rouen

La semaine de prière pour l’unité des Chrétiens s’est déroulée du 18 janvier 2025 au 26 janvier 2025.

Elle a débuté par une cérémonie oecuménique qui se tenait cette année dans l’église Sainte-Marie de Mont-Saint-Aignan (photo).
Monseigneur Lebrun étant absent, elle était présidée par le père Henri Delavenne, délégué diocésain à l’oecuménisme et à la promrtion de l’unité des chrétiens.

De nombreux représentants de communautés étaient présents :
– Catholique : les pères Henri Delavenne et Alexandre Coustham
– Protestante : la pasteure Odile Roman-Lombard
– Orthodoxe : le père Constantin Manolache
– Vielle-catholique Mariavite : le frère Élie Marie Pottin
– Armée du Salut : le Major Geir Engoy
– Église Protestante Malgache en France : le pasteur Aina Rakotondrandisa
– Evangélique (Église de Dieu) : le pasteur Gustave Koumba
– Copte-orthodoxe éthiopienne(Tewahedo) le diacre Habtom Ghezae.

Cette cérémonie qui a permis de dire ensemble le Notre Père , mais aussi de réciter le symbole de Nicée qui nous est commun : « Nous croyons en un seul Dieu ». (Les Chrétiens fêtent en effet cette année les 1700 ans du Concile de Nicée.)

Le lendemain, 19 janvier 2025, un échange de chaire avait lieu au temple Saint-Éloi de Rouen. Des fidèles de l’église Notre-Dame des Anges de Bihorel étaient présents avec leur prêtre, le Père Alexandre Coustham, ainsi que quelques fidèles des paroisses Saint-Paul du Mesnil – plateau de Boos et Notre Dame de Bonsecours. Le culte protestant a été conduit par la pasteure Odile Roman-Lombard et c’est le père Coustham qui a lu l’évangile et prononcé l’homélie.

Cette semaine s’est terminée par un nouvel échange de chaire, cette fois-ci à Bihorel dans l’église Notre-Dame des Anges où les pères Alexandre Coustham et François-Xavier Henry ont accueilli la pasteure Odile Roman-Lombard et une importante délégation de fidèles protestants venus du temple Saint Éloi. La messe à été présidée par le père François-Xavier Henry et c’est la pasteure Odile Roman-Lombard qui a assuré l’homélie.

Comme l’a dit le père Coustham en introduisant la messe « la semaine de prière pour l’unité des Chrétiens se termine, mais ce n’est pas une raison pour cesser de prier pour cette unité. »


L’église d’Elbeuf a vécu la Semaine en deux temps principaux : la prédication du Père Patenotte au temple le dimanche
12 janvier suivie d’une conférence sur le Concile de Nicée par Pierre et Marie-Paule Langlois . Le samedi 25 janvier
Odile Roman-Lombard a prêché à l’église de Caudebec avec la participation de tous à l’eucharistie.

 

Source: article de Philippe Levasseur dans « Le Lien Fraternel des Eglises Protestantes Unies d’Elbeuf et de Rouen » mars – avril 2025

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Rassemblement Interconfessionnel Normand

 

 

Vous êtes invités le
samedi 15 mars 2025 de 09h30 à 17h00
au monastère « la Joie saint Benoît » des bénédictines de Bayeux.

48 rue st Loup 14400 à Bayeux

à un Rassemblement Interconfessionnel Normand

L’autorité
dans les Eglises
Intervenants:

 
Olivier Ruffray
Prêtre Catholique,
Vicaire Général du diocèse de Bayeux et Lisieux

 

Frédéric CHAVEL
Pasteur luthérien de l’ Eglise Protestante Unie de France,
docteur en théologie,
enseignant (dogmatique) à l’Institut Protestant de Théologie de Paris, membre du Groupe théologique du Conseil national de l’EPUdF
Marc Deroeux
Pasteur de la Fédération des Églises Evangéliques Baptistes de France,
directeur du Centre LES CEDRES à Massy, qui accueille l’École pastorale  (formation continue des pasteurs à la théologie pratique) de la FEEBF (Fédération des Églises évangéliques baptistes de France) 
Il est président de la Commission de conseil et de suivi du service d’écoute Stop abus du CNEF.

Participation aux frais: 10€ / personne

Renseignements auprès de l’ACONor: mail: contact.aconor@gmail.com ou Tel: 06 98 47 85 89

 

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Quels choix pour exprimer l’unité ?

Quels choix pour exprimer l’unité ?

Un article de sr Blandine Lagrut ccn. paru dans FOI

 

Ces derniers mois, un foisonnement d’initiatives ont vu le jour. Le Festival à Portimao avec des propositions adaptées pour les jeunes d’autres confessions, le mini-festival « Rooted in Unity » en partenariat avec la paroisse anglicane lors des JMJ à Lisbonne, la préparation de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens par les frères et sœurs du Burkina Faso, la fondation de la « Community at the Crossing » sur l’appel de la Cathédrale épiscopalienne de New York, les événements autour des « 50 ans de la Communauté » avec, à chaque fois, des représentants de différentes Églises.

Un printemps œcuménique !

Et en même temps, nous sommes interpellés : « Cette joie nous fait aussi prendre au sérieux le souci exprimé lors de l’année capitulaire : n’y aurait-il pas une distorsion entre ces avancées prometteuses au niveau global et l’expérience vécue localement ?1» Sur le terrain, dans nos maisons et nos fraternités, la « passion pour l’unité » impacte-t-elle vraiment nos organisations et nos choix de mission ? L’appel à l’unité transforme-t-il nos manières de prier, de rire et de pleurer ?

Continuer l’effort de « traduction » 

Depuis les débuts, « l’humble chemin de la vie quotidienne partagée 2 » nous a permis de découvrir d’autres confessions et de reconnaître les dons spécifiques de chaque Église. Petit à petit, nous apprenons à devenir « l’ami de la meilleure part de l’autre ». Nous cherchons à la fois à écouter l’autre dans sa différence et à rendre audible notre propre tradition. Autour du café, les discussions prennent parfois cette forme : « Ton Église insiste sur tel et tel aspect, ai-je bien compris ? Sur ce point mon Église pense différemment, voilà comment je comprends les choses… » On est dans l’étape de la traduction. 

Mais le chemin ne s’arrête pas là. L’effort de la traduction doit ouvrir sur une étape de conversion. A l’endroit même de ses convictions les plus ancrées, chaque Église est appelée à redéfinir son identité. Il s’agit de penser non seulement à partir de nos différences bien réelles, mais aussi « à partir de la communion espérée 3.» Le fait de mieux nous connaître dans nos confessions respectives ne doit pas nous faire oublier qu’il nous faut apprendre à regarder dans une perspective œcuménique. Certes, nos Églises, dans leurs différences, cheminent vers la réconciliation.

Prendre au sérieux la grâce de conversion 

Mais on peut décrire cette dynamique d’une manière plus engageante, comme l’ont fait récemment les théologiennes et théologiens du Groupe des Dombes en confessant : « nous formons une seule Église, bien qu’en communion encore imparfaite 4.» Autrement dit, la vie nouvelle en Christ reçue par le baptême est le fondement actif et permanent d’une communion déjà présente. La question qui guide nos échanges est alors légèrement différente : « Nous avons été baptisés dans le même Esprit Saint. Quels gestes, quels choix, quelles attentions expriment, au concret, cette unité déjà vivante entre nous ? » Il ne s’agit plus seulement de traduire nos identités mais de se disposer sérieusement à recevoir la grâce qui va les transformer. « Les points de repères pour nos pratiques œcuménique et la relation au judaïsme » sont là pour nous aider à rendre manifeste le « déjà là » de l’unité capable de convertir nos identités.

Se tenir sur les intersections 

Nous partageons avec les musulmans la croyance en un Dieu unique et miséricordieux 7. Cette intersection doit nous encourager à entrer résolument dans une connaissance mutuelle. Dans un des comptes-rendus de l’année capitulaire, les frères et sœurs de Thibirine 8 résumaient leur situation ainsi : « Nous avons besoin de formation. Mais la rencontre quotidienne avec les nombreux visiteurs musulmans en est le point de départ. Ils posent souvent des questions sur notre foi, avec des motivations diverses bien sûr. Il nous faut partir de leur regard, leur vision, comprendre ce qu’ils mettent derrière ces questions et les mots qu’ils emploient, pour pouvoir avoir une chance de se comprendre et de se faire comprendre.» Leur texte rappelait les mots qui leur furent adressés par Mgr Claude Rault, évêque émérite du Sahara : « Enracinez-vous dans la prière et laissez l’Esprit Saint ouvrir la porte. Venez et voyez. Ne cherchez pas ce qu’il faut faire. »

Chercher honnêtement la paix 

Dans sa nature même, l’œcuménisme est un mouvement pour la paix. Ces dernières années ont été marquées par une recrudescence des haines anti-religieuses 9 (antisémitisme et islamophobie). On assiste un peu partout à des formes de polarisation où les arguments religieux, y compris chrétiens, sont utilisés de manière abusive pour justifier des objectifs politiques 10. Les Églises réagissent de manière concertée et sans équivoque contre ces tendances. Nous pouvons, nous aussi, les soutenir au niveau local, en rappelant les principes mêmes de la démarche œcuménique

Ces principes nous enseignent comment maintenir le dialogue en cas de controverses :

  • Prendre le temps de repartir du commun avant d’aborder les sujets plus délicats.
  • Parler sans timidité des différences voire des contentieux, tout en adoptant un langage qui soit facilement accessible.
  • Devenir davantage conscients des exagérations fausses et de la nécessité de purifier nos mémoires collectives.
  • Connaître les méthodes qui ont permis de dépasser des points de désaccords dont on a pensé, pendant des siècles, qu’ils seraient infranchissables (par exemple : le principe de hiérarchie des vérités 11 le consensus différencié 12. )
  • Désirer non pas une vérité qu’on possède mais une vérité vers laquelle on s’oriente dynamiquement.

En nous appelant à travailler pour l’unité, le Seigneur nous a « calibrés » pour œuvrer dans des contextes pluriels, où les vérités se croisent plus qu’elles ne s’excluent. Il nous faut faire confiance à notre appel œcuménique car à travers lui Dieu lui-même nous équipe pour devenir des artisans de paix.

Sr Blandine Lagrut
Communauté du Chemin-Neuf
Docteure en Philosophie, Facultés Loyola, Paris

 


[1] Motion sur l’œcuménisme, août 2023.
[2] Constitutions de la Communauté du Chemin Neuf.
[3] L’expression a été reprise plusieurs fois par des théologiens comme Michel Fédou, Anne-Cathy Graber.
[4] Cette confession de foi sert de leitmotiv au dernier document du Groupe des Dombes dont Anne-Cathy Graber est l’une des rédactrices : Groupe des Dombes, « De toutes les nations »: pour la catholicité des Églises, Paris, les Éditions du Cerf, 2023.
[5] Pape Jean-Paul II, Discours à la synagogue de Rome, 1986.
[6] Rm 9,4. Cf. pour l’Église catholique romaine , le texte de Vatican II, Lumen Gentium au §16 reprend les mêmes termes.
[7] Cf. La Charte œcuménique européenne (dont une nouvelle révision sortira prochainement) https://archivesweb.cef.fr/public/historique.cef.fr/historique.cef.fr/catho/vieglise/oecumenisme/charte.html
[8] Compte-rendu des premières journées capitulaires « L’Algérie, ou comment aller plus loin dans la rencontre avec les musulmans », décembre 2022.
[9] Pour donner un cadre philosophique et pratique à ces questions, on peut se référer à Paul Hedges, Religious Hatred: Prejudice, Islamophobia and Antisemitism in Global Context, New-York, Bloomsbury Academic, 2021.
[10] On peut lire les analyses d’Andrea Riccardi, le fondateur de la communauté de San Egidio sur le retour des « nationalismes catholiques » en Europe. Cf. L’Église brûle, crise et avenir du christianisme, Cerf, 2022.
[11] Concile Vatican II, Unitatis Redintegratio, 11.
[12] Déclaration Conjointe sur la Justification de la Fédération Luthérienne Mondiale et l’Église Catholique 31 octobre 1999

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