XLXI Pape François

Sommaire

XLXI Pape François

Jorge Mario Bergoglio, Ecclésiastique argentin, membre de la Compagnie de Jésus et premier pape non européen depuis le pape syrien Grégoire III au VIII e  siècle.
 François est aussi le premier pape issu du continent américain et le premier à prendre le nom de François, en mémoire de François d’Assise.

Cursus

    Ordonné prêtre le 13 décembre 1969, il fait profession solennelle dans la Compagnie de Jésus en 1973 et trois mois plus tard âgé de trente-six ans, est nommé provincial des jésuites d’Argentine jusqu’en 1980.
Son attitude durant la dictature militaire entre 1976 et 1983 fait l’objet de controverses [1] de la part des milieux conservateurs de droite qui ne l’aiment guère…
     Jorge Mario Bergoglio a été évêque auxiliaire (1992), puis coadjuteur (1997), puis archevêque de Buenos Aires (1998). Jean-Paul II le crée cardinal-prêtre lors du consistoire du 21 février 2001 au titre cardinalice de San Roberto Bellarmino
Le 15 mai 2007, lors de la V e conférence générale du Conseil épiscopal latino-américain (CELAM) qui se déroulait dans le sanctuaire d’Aparecida au Brésil, le cardinal Bergoglio est élu président de la commission de rédaction du document final, appelé « document d’Aparecida [2]  » : un texte majeur, visant à redonner un élan d’évangélisation au continent sud-américain.

Rome

Benoît XVI ayant annoncé le 11 février 2013 sa renonciation comme pape, un conclave est convoqué à partir du 12 mars suivant. Lors des discussions préalables, l’intervention du cardinal Bergoglio sur la nécessité pour l’Église catholique de se décentrer vers ses marges est particulièrement remarquée.

Selon les propositions qu’il a tenus lors d’une congrégation générale des cardinaux avant d’entrer en conclave, le cardinal Bergoglio a une vision personnelle de l’Église qu’il articule en quatre points :

    • sur la mission d’évangélisation de l’Église  : «  L’Église est appelée à sortir d’elle-même et à aller dans les périphéries, les périphéries géographiques mais également existentielles : là où résident le mystère du péché, la douleur, l’injustice, l’ignorance, là où le religieux, la pensée, sont méprisés, là où sont toutes les misères  » ;
    • sur l’Église elle-même  : il critique l’Église « autoréférentielle » et des institutions ecclésiastiques frappées d’une sorte de « narcissisme théologique ». «  L’Église autoréférentielle prétend retenir le Christ à l’intérieur d’elle-même et ne le fait pas sortir  » ;
    • sur les réformes  : selon lui, l’Église va vers un mal très grave dont on connaît le nom : « la spiritualité mondaine » (selon le P. de Lubac, c’est le pire mal qui peut arriver à l’Église). Il critique «  l’Église mondaine qui vit répondue sur elle-même et pour elle-même. Cette analyse devrait apporter un éclairage sur les changements et réformes possibles qui doivent être faits pour le salut des âmes  » ;
    • sur le Pape  : il faut un «  homme qui, partant de la contemplation de Jésus-Christ, pourrait aider l’Église à se rapprocher des périphéries existentielles de l’humanité  ». Dans cette perspective, au 20 e  anniversaire de l’université del Salvador en 1995, ou encore dans sa biographie de 2010  El jesuita , le pape reprend la formule de Joseph Malègue «  Loin que le Christ me soit inintelligible s’il est Dieu, c’est Dieu qui m’est étrange s’il n’est le Christ  »

Début du Pontificat

Élection

Le 13 mars, après environ vingt-quatre heures de délibérations et cinq tours de scrutation, il est élu Evêque de Rome et 266 e  pape de l’Église catholique

Depuis le balcon de la loge des bénédictions de la basilique Saint-Pierre, François, prie pour Benoît XVI qu’il appelle «  évêque émérite  [3] » – étant lui-même évêque de Rome-, puis demande à la foule de faire silence et de prier pour lui avant qu’il donne sa bénédiction apostolique  urbi et orbi  (« À la ville et au monde ») d’abord à la «  communauté diocésaine de Rome  », car «  le conclave a donné un évêque à Rome  ».

La messe d’inauguration

Comme à chaque pontificat, la messe d’inauguration est un moment ou le Pape exprime les axes importants de son pontificat :

Écologie intégrale

Dans sa brève homélie [4] , le pape invite chacun à être gardien de la Création : «  La vocation de garder, cependant, ne nous concerne pas seulement nous les chrétiens, elle a une dimension qui précède et qui est simplement humaine, elle concerne tout le monde. C’est le fait de garder la création toute entière, la beauté de la création, comme il nous est dit dans le Livre de la Genèse et comme nous l’a montré saint François d’Assise : c’est le fait avoir du respect pour tous, pour chaque personne, spécialement les enfants, les personnes âgées, ceux qui sont les plus fragiles et qui se trouvent souvent à la périphérie de notre cœur…/… Je voudrais demander, s’il vous plaît, à tous ceux qui occupent des rôles de responsabilité dans le domaine économique, politique ou social, à tous les hommes et à toutes les femmes de bonne volonté : nous sommes « gardiens » de la création, du dessein de Dieu inscrit dans la nature, gardiens de l’autre, de l’environnement ; ne permettons pas que des signes de destruction et de mort accompagnent la marche de notre monde !   »

Œcuménisme

Pour la première fois depuis la séparation des Églises d’Orient et d’Occident, un Patriarche de Constantinople est présent : Bartholomée Ier . Le patriarche grec orthodoxe était accompagné de Ioannis Zizioulas, Métropolite de Pergame et co-président de la Commission conjointe internationale pour le Dialogue œcuménique entre l’Église de Rome et l’Église orthodoxe et théologien éminente.
Ont aussi fait partie de la délégation Tarassios, Métropolite orthodoxe d’Argentine, et Gennadios, Métropolite orthodoxe d’Italie.
Reçu le lendemain par ce pape qui se présente lui-même comme évêque de Rome, le patriarche le qualifie de «  premier évêque de la vénérable Église de Rome, qui préside dans la charité  »

Cet événement ne connaît pas de précédent dans les temps modernes et Bartholomée a rapporté que même avant le schisme, jamais un patriarche résidant à Istanbul n’avait assisté à une l’intronisation d’un pontife romain [5] .

Étaient également présents :

        • le Catholicos des arméniens Karekin II, (Le Catholicos, Patriarche Suprême de tous les Arméniens, est le Chef spirituel mondial de l’Église nationale Apostolique Arménienne)
        • le métropolite Hilarion de Volokolamsk, responsable du Département pour les relations extérieures du Patriarcat de Moscou,
        • l’archevêque anglican, Sentamu, archevêque métropolitain de la province d’York, primat d’Angleterre et membre de la Chambre des lords.
        • le secrétaire du Conseil œcuménique de l’Église, Olav Fyske Tveit, secrétaire général du Conseil œcuménique des Églises
        • des représentants des communautés juives et musulmanes et des responsables d’autres religions

Le C9 et la réforme de la Curie romaine

Réforme de la Curie

Un mois après son élection et suivant l’une des recommandations importantes issues des congrégations générales, la secrétairerie d’État du Vatican rend publique la constitution d’un groupe de travail collégial composé de huit puis neuf cardinaux (surnommé le « C9 ») pour conseiller le pape dans le gouvernement de l’Église et, plus particulièrement, étudier un projet de réforme de la curie en révisant la constitution apostolique  Pastor Bonus  promulguée par Jean-Paul II en 1988

La nouvelle constitution, intitulée  Praedicate evangelium [6]  (« Annoncez l’Évangile »), est publiée de manière inattendue le 19 mars 2022. Elle ambitionne transformer la Curie en un outil plus tourné vers le monde, une structure plus missionnaire et davantage au service de l’évangélisation et des Églises particulières d’où « faire remonter du terrain les meilleures initiatives prises par les catholiques ». Insistant pour que la Curie se mette au service des évêques,  Praedicate evangelium  confère plus d’importance aux conférences épiscopales et à la synodalité ainsi qu’aux laïcs, appelés à jouer « des rôles de gouvernement et de responsabilité » à la tête des dicastères, tandis que le pouvoir du souverain pontife « principe perpétuel et visible et le fondement de l’unité de l’Église » se trouve renforcé.

Décrit comme « un changement de culture radical », voire une « révolution », reprenant les changements déjà retenus par décrets pontificaux tout en proposant plusieurs nouveautés significatives, cette nouvelle constitution légifère également sur des questions de dogme, de discipline générale ou de structure de l’Église, simplifiant notamment l’organigramme autour de seize dicastères dont le premier d’entre eux est celui consacré à l’évangélisation, présidé par le pape lui-même qui en est le préfet.

 La « banque du Vatican » (Institut pour les œuvres de religion : IOR)

Lors de l’audience générale du mercredi 24 avril 2013, François a qualifié l’IOR de « nécessaire jusqu’à un certain point », annonçant une réforme.
Quelques jours plus tard, le directeur général et son adjoint quittent l’IOR.
Le 24 février 2014, François promulgue le  Motu Proprio  :  Fidelis dispensator et prudens  dans lequel il crée un secrétariat présenté comme un ministère de l’économie, afin de veiller à la préparation du budget et à la planification financière.
Engagé contre les scandales financiers de l’IOR il lutte également contre ceux touchant les diocèses de l’Église, comme l’atteste les démissions de plusieurs évêques et archevêques.

Secrétariat d’État

Le 31 août 2013, le pape fait état de sa décision de nommer Pietro Parolin aux fonctions de secrétaire d’État du Saint-Siège en remplacement de Tarcisio Bertone de plus en plus controversé [7]

L’œcuménisme et l’écologie intégrale comme structuration du Pontificat de François

Evangelii Gaudium « La joie de l’Evangile » (24 novembre 2013)

C’est la lettre – programme du Pape François. Tout ce qui fonde son action y est exprimé [8] .

Pour témoigner de l’accueil de Dieu, il faut «  avoir partout des Eglises avec les portes ouvertes  » afin que ceux qui cherchent ne rencontrent pas «  la froideur d’une porte close ». Le Pape réaffirme qu’il préfère une Église « accidentée, blessée et sale pour être sortie dans la rue, plutôt qu’une Église malade de la fermeture et du confort de s’accrocher à ses propres sécurités. Je ne veux pas une Église préoccupée d’être le centre et qui finit renfermée dans un enchevêtrement de fixations et de procédures. Si quelque chose doit saintement nous préoccuper…c’est que tant de nos frères vivent » sans l’amitié de Jésus-Christ  ».
Le Pape parle de ceux qui se sentent supérieurs aux autres parce qu’ils sont «  inébranlablement fidèles à un certain style catholique propre au passé » et qui « au lieu d’évangéliser, analysent et classifient les autres » et de ceux qui manifestent « un soin ostentatoire de la liturgie, de la doctrine ou du prestige de l’Église, mais sans que la réelle insertion de l’Évangile dans le Peuple de Dieu les concerne  ». Il s’agit là « d’une terrible corruption sous l’apparence du bien… Que Dieu nous libère d’une Eglise mondaine sous des drapés spirituels et pastoraux !  »
L’œcuménisme est «  un chemin incontournable de l’évangélisation  ». L’enrichissement réciproque est important : «  Nous pouvons apprendre tant de choses les uns des autres ! », par exemple « dans le dialogue avec les frères orthodoxes, nous les catholiques, nous avons la possibilité d’apprendre quelque chose de plus sur le sens de la collégialité épiscopale et sur l’expérience de la synodalité  »

L’œcuménisme

Des rencontres

Le 28 juillet 2014, après sa visite pastorale en Campanie, le pape effectue une visite privée à l’Église pentecôtiste de la Réconciliation à la rencontre du pasteur évangélique Giovanni Traettino, un de ses amis du temps de Buenos Aires, un homme engagé comme lui dans le dialogue œcuménique. «  Nous sommes sur ce chemin de l’unité entre frères. Quelqu’un sera étonné : « Mais, le Pape est allé chez les évangélistes ». Il est allé voir ses frères ! Oui ! Parce que – et ce que je vais dire est la vérité – ce sont eux qui sont venus en premier me trouver à Buenos Aires.  [9] »

Une fraternité vraie avec le Patriarche Œcuménique Bartholomée

Le Pape François et le Patriarche œcuménique Bartholomée entretiennent une relation de respect et de collaboration fraternelle [10] , œuvrant ensemble pour l’unité des chrétiens et la paix dans le monde. Ils ont eu plusieurs rencontres et échangent régulièrement des messages, notamment lors de fêtes religieuses importantes comme la Saint-André. Leurs efforts conjoints visent à surmonter les divisions historiques entre les Églises catholiques et orthodoxes, et à promouvoir un témoignage commun face aux défis contemporains, notamment en matière d’écologie.

Voici quelques points clés de leur relation :

Rencontres et échanges :

Le Pape François et le Patriarche Bartholomée se rencontrent à plusieurs reprises, notamment à Jérusalem en 2014 pour un événement historique en faveur de l’unité des chrétiens. Ils échangent également des messages et des dons, comme la lettre du Pape à l’occasion de la fête de la Saint-André ou l’envoi de reliques de Saint Pierre par le Pape à Bartholomée.

Collaboration œcuménique :

Ils travaillent ensemble pour l’unité des chrétiens, cherchant à surmonter les divisions historiques entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe. Le Patriarche Bartholomée a d’ailleurs participé à des événements importants de l’Église catholique, comme la veillée de prière œcuménique à la veille de l’ouverture du Synode des évêques.

Responsabilité pastorale commune [11] :

Ils ressentent une responsabilité pastorale commune face aux défis du monde, notamment en matière d’écologie. Le Pape a souligné que l’enseignement du Patriarche sur la nécessité d’une conversion spirituelle de l’humanité a gagné en pertinence avec la pandémie de COVID-19.

Prière pour la paix :

Ils appellent régulièrement à la prière pour la paix dans le monde, notamment pour que cesse la violence et que les responsables politiques et religieux recherchent le dialogue et la réconciliation.

Des relations compliquées avec Kirill de Moscou [12]

Ca commence plutôt bien par la rencontre de Cuba le 12 février 2016. « Historique » : le mot a été plusieurs fois employé pour qualifier la rencontre, tant de fois envisagée puis rapportée, entre un pape de Rome et un patriarche orthodoxe russe.

Ca continue plutôt mal avec la déclaration du cardinal Kurt Koch : « Le fait que le patriarche Cyrille de Moscou légitime la guerre brutale en Ukraine pour des raisons pseudo-religieuses est une hérésie ». Le président du Dicastère pour la promotion de l’unité des chrétiens veut désormais faire de la question du rapport l’Eglise-Etat un thème du dialogue entre catholiques et orthodoxes.

Les « cadeaux » œcuméniques

      • Le 29 juin 2019, le pape François a décidé de faire don d’une relique de saint Pierre au patriarche œcuménique de Constantinople Bartholomée.
      • La tunique sanglante de Thomas Beckett, l’évêque anglais assassiné par l’épée dans la cathédrale de Canterbury, a été prêtée à l’Église anglicane en 2020, à l’occasion des célébrations du 850e anniversaire de son assassinat.
      • En 2020 encore, le pape François a fait don des reliques de saint Clément et de saint Photius au patriarche Néofit de Bulgarie.
      • En janvier 2023, trois pièces du Parthénon conservées dans les musées du Vatican ont été restituées à la Grèce, directement à l’archevêque orthodoxe Ieronymos, que le pape avait rencontré il y a un an lors de son voyage dans le pays.

Célébration des 500 ans de la Réforme

En décembre 2014, recevant une petite délégation de l’Église évangélique luthérienne allemande, le pape François avait évoqué la commémoration des 500 ans de la Réforme de 1517. Il avait alors invité luthériens et catholiques à faire une « demande intime de pardon » pour leurs « fautes réciproques ».

Du conflit à la communion. La commémoration commune luthéro-catholique de la Réforme en 2017, publiée en juin 2013 . [13]
Le préambule annonce un texte décrivant «  un cheminement allant du conflit à la communion dont le mais n’est pas encore atteint  » et propose de «  pratiquer l’auto-critique plutôt que la critique de l’autre  ».
Il rappelle deux défis : «  la purification et la guérison des mémoires et la restauration de l’unité chrétienne en harmonie avec la vérité de l’Évangile  ».
Le document, en 245 articles, comprend une introduction et six chapitres.
Dans l’introduction , il est rappelé qu’un dialogue s’était instauré en 1980 lors du 450 e   anniversaire de la confession d’Augsbourg et qu’il importe de faire des «  propositions pour une commémoration et une appropriation de la Réforme aujourd’hui  ».
Chapitre I –   Commémorer la Réforme  au temps de l’œcuménisme et de la mondialisation :
Chapitre II – Nouveaux  points de vue sur Luther  et la Réforme :
Chapitre III –  Esquisse historique  de Réforme luthérienne et de la réaction catholique :
Chapitre IV – Thèmes principaux de la  théologie de Martin Luther , à la lumière des dialogues luthéro-catholiques :
Chapitre V – Appelés à une  commémoration commune  :
Chapitre VI –  Cinq impératifs  œcuméniques pour guider la commémoration commune en 2017 :
          • toujours se placer dans la perspective de l’unité,
          • se laisser transformer par la rencontre de l’autre,
          • s’engager à chercher l’unité visible avec des étapes concrètes,
          • redécouvrir ensemble la puissance de l’Évangile pour notre l’époque,
          • témoigner ensemble de la grâce de Dieu en se mettant au service du monde.
Voyage à Lund [14]

Cette visite historique a eu lieu le 31 octobre 2016 à Lund, où le Pape a participé à une cérémonie œcuménique à la cathédrale luthérienne et signé une déclaration conjointe [15] avec la Fédération luthérienne mondiale. Lors de cette commémoration, le pape François a reconnu avec gratitude la contribution de la Réforme dans l’histoire de l’Église, a loué l’expérience spirituelle de Martin Luther et a souligné l’importance de demander pardon pour les erreurs du passé.

Après 500 ans de « malentendus » et de « caricatures » et cinquante ans d’efforts de réconciliation, catholiques et luthériens se sont retrouvés, en présence du pape François, en Suède, lundi 31 octobre, pour lancer les célébrations du 500e anniversaire de la Réforme [16] .
Il n’y aura pas eu d’annonces fracassantes, ni d’invitation à partager l’eucharistie. Mais une volonté exprimée de travailler ensemble vers l’unité [17] , en reconnaissant les torts historiques de chacun et la nécessité de pardonner.

Le Pape et le patriarche Tawadros II côte à côte pour l’audience générale

Le 10 mai 2023, qui marque la journée de l’amitié copte – catholique, le patriarche copte orthodoxe a été invité par le Saint-Père à prendre place à ses côtés lors de l’audience générale sur le parvis de la basilique Saint-Pierre. François l’a remercié pour son engagement en faveur de l’amitié croissante entre l’Église copte orthodoxe et l’Église catholique.C’est une audience générale peu commune à laquelle ont assisté les fidèles mercredi 10 mai. Le patriarche Tawadros II a pris place aux côtés du Pape François sur l’estrade de la place. Le chef spirituel de l’Église copte orthodoxe commence un pèlerinage de quatre jours à Rome et vient par sa présence témoigner de la proximité entre le Siège apostolique de Marc et le trône de Pierre

Comme un symbole, c’est le patriarche d’Alexandrie qui a pris la parole en premier, souhaitant «adresser ses félicitations, au nom des membres du Saint-Synode et de tous les organes de l’Église copte orthodoxe, à l’occasion du dixième anniversaire de votre élection divine en tant que Pape et évêque de Rome». Dix ans après sa première venue au Vatican, le patriarche copte est revenu sur la solidité de ces relations fraternelles cultivées jour après jour avec Rome. Cette journée d’amitié entre coptes et catholiques «incarne l’esprit chrétien et l’amour qui nous unit pour servir Dieu et servir nos frères et sœurs en humanité».

Un œcuménisme autant -sinon plus- pratique que théologique

Dans « Evangelii Gaudium », le pape rappelle aux catholiques que tous les chrétiens sont des pèlerins qui cheminent les uns à côté des autres. « Cela signifie que nous devons avoir une confiance sincère dans nos compagnons de pèlerinage, en écartant tout soupçon ou méfiance, et tourner notre regard vers ce que nous recherchons tous : la paix rayonnante du visage de Dieu. Faire confiance aux autres est un art et la paix est un art [18] ».
À l’autre bout de son pontificat, le Synode sur la synodalité a conclu que «  L’intensité de l’élan œcuménique est l’un des fruits les plus significatifs du Synode 2021-2024  ». Le document final promulgué par le pape François a réaffirmé «  l’engagement de l’Église catholique à poursuivre et à intensifier le cheminement œcuménique avec les autres chrétiens, en vertu de notre baptême commun, et en réponse à l’appel à vivre ensemble la communion et l’unité entre les disciples, pour lesquelles le Christ a prié lors de la dernière Cène (cf. Jn 17, 20-26)  [19] ».
La présence active lors du Synode des « délégués fraternels » est issue de diverses confessions chrétiennes en est une manifestation emblématique [20] .
Pour le pape François, l’œcuménisme doit aller au-delà des accords et des discussions théologiques, qui restent importantes. Il a toujours opté pour une culture de la rencontre basée sur des gestes de proximité et d’amitié personnelle avec les responsables des différentes confessions chrétiennes en multipliant présents (don ou prêt de reliques, pièces de musée…) et voyages dans des pays à majorité orthodoxe ou protestante.
Autant de signes forts, mais délicats, comme le fait de restaurer à l’évêque de Rome le titre de « Patriarche de l’Occident ». Il rappelle ainsi le lien qui unissait les cinq Sièges (Rome, Constantinople, Alexandrie, Antioche et Jérusalem) lors du premier millénaire [21] et l’expérience de la synodalité et de l’unité vécue dans la Tradition apostolique.

De maintes manières, le pape François a insisté sur le caractère essentiel des rencontres et de la prière les uns pour les autres dans notre cheminement vers la pleine communion. En 2016 il disait déjà, « C’est pourquoi j’aime répéter que l’unité se fait en marchant, pour rappeler que quand nous marchons ensemble – c’est-à-dire quand nous nous rencontrons comme des frères, nous prions ensemble, nous collaborons ensemble dans l’annonce de l’Évangile et dans le service aux derniers – nous sommes déjà unis » [22] .

Il encourage les chrétiens, à s’efforcer de parvenir à une « diversité réconciliée » et à avoir confiance dans l’action de l’Esprit Saint. Il s’agit de se disposer pour recevoir un don venant de Dieu. « L’unité ne viendra pas comme un miracle à la fin : l’unité vient dans le cheminement, c’est l’Esprit Saint qui la fait dans le cheminement. Si nous, nous ne marchons pas ensemble, si nous ne prions pas les uns pour les autres, si nous ne collaborons pas dans beaucoup de choses que nous pouvons faire ensemble dans ce monde pour le Peuple de Dieu, l’unité ne viendra pas ! Elle se fait dans ce cheminement, à chaque pas, et nous ne la faisons pas nous : c’est l’Esprit Saint qui la fait, qui voit notre bonne volonté [23] »

L’écologie intégrale

Encyclique « Laudato si » sur la sauvegarde de la maison commune du 24 mai 2015 [24]

L’importance du sujet pour François est signalé par le fait qu’il s’agit d’une lettre encyclique (il y en a seulement quatre en douze ans de pontificat), et la première entièrement de sa main. [25]

Laudato Si’ est divisé en six chapitres

      • Le Premier chapitre: Ce qui se passe dans notre maison” résume l’ampleur des problèmes actuels liés à l’environnement..
      • L e « Deuxième chapitre : l’Évangile de la Création »  puise sa sagesse dans la Bible.
      • Le Troisième chapitre : La racine humaine de la crise écologique »  explore les tendances sociales et les idéologies à l’origine des problèmes environnementaux.
      • Le Quatrième chapitre : une écologie intégrale » présente la principale solution de l’encyclique aux problèmes sociaux et environnementaux actuels. L’écologie intégrale soutient que les humains font partie d’un monde plus vaste et appelle à des « solutions intégrales qui prennent en compte les interactions des systèmes naturels entre eux et avec les systèmes sociaux » (LS 139).
      • Le Cinquième chapitre : quelques lignes d’orientation et d’action »  applique le concept d’écologie intégrale à la vie politique.
      • Le Sixième chapitre : éducation et spiritualité écologiques” clôt l’encyclique avec des idées d’application dans la vie personnelle.

Une des conséquences de Laudato si’ est la création au 1 er janvier 2017 du Dicastère pour le Service du développement Humain Intégral [26] qui regroupe en son sein les conseils pontificaux Justice et Paix,  Cor Unum , pour les migrants et pour la santé.

 « Laudate Deum » (Louez Dieu)

Publiée le 4 octobre 2023, jour de la fête de saint François d’Assise, cette exhortation apostolique, plus courte et percutante, prolonge la réflexion écologique entamée dans l’encyclique  Laudato si’  . Le Pape François aborde de manière directe et souligne l’urgence d’une action immédiate et décisive devant la crise climatique mondiale.

Des implications œcuméniques

      • Église verte [27] , Lutte et contemplation, Chrétiens unis pour la terre Temps pour la Création en septembre-octobre… Ces dernières années, collectifs et initiatives chrétiennes autour de la sauvegarde de la Création se sont multipliées, associant des chrétiens de diverses confessions.  « Nous sommes passés du stade de la tolérance au stade de la curiosité, puis finalement à l’action commune » [28] . Un œcuménisme de la cause, qui s’accompagne, de fait, d’une meilleure interconnaissance culturelle et doctrinale des confessions catholiques et protestantes.
      • Les églises orthodoxes ont des approches pour le moins diversifiées [29] pas tant sur l’écologie intégrale que sur la manière œcuménique de le travailler ensemble. (Les patriarches de Constantinople et les papes catholiques romains, depuis Athénagoras 1 er et Paul VI ont cette culture [30] .)

Sauver la création, publié en 1989, reprend des conférences données en 1983 par le patriarche Ignace IV d’Antioche. Depuis lors les tenants de la théologie néopatristique, comme le patriarche Daniel et bien d’autres, ont continuellement éveillé l’attention au respect de la Création. Le patriarche Bartholomée de Constantinople, surnommé parfois « le Patriarche vert », intervient fréquemment sur le même thème, notamment pour demander une journée de prière à l’occasion du 1 er  septembre, ouverture de l’année ecclésiastique.

Durcissement des relations avec la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X

Le 17 janvier 2019, François supprime la commission pontificale Ecclesia Dei fondée en 1988 par Jean-Paul II à la suite du sacre illicite d’évêques au sein de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X et en transfère les activités à la Congrégation pour la doctrine de la foi.

Le 16 juillet 2021, François publie  Traditionis custodes [31] , motu proprio qui annule l’élargissement en 2007 des conditions de célébration de la messe selon l’édition 1962 du Missel romain (appelée « rite tridentin »).

Ce document est accompagné d’une lettre aux évêques catholiques du monde entier [32]  «  j’ai chargé la Congrégation pour la doctrine de la foi de vous adresser un questionnaire sur l’application du Motu proprio Summorum Pontificum. Les réponses parvenues ont révélé une situation douloureuse qui m’inquiète, ce qui me confirme la nécessité d’intervenir . » où le pontife se dit «  attristé par une utilisation instrumentale du Missale Romanum de 1962, toujours plus caractérisé par un refus croissant non seulement de la réforme liturgique, mais du concile Vatican II, avec l’affirmation infondée et insoutenable qu’il aurait trahi la Tradition et la « vraie Église  » ». François précise qu’au contraire, «  le chemin de l’Église doit être compris dans le dynamisme de la Tradition, « qui tire son origine des Apôtres et qui progresse dans l’Église sous l’assistance de l’Esprit Saint » ( DV , 8). » Il rappelle qu’« une étape récente de cette dynamique a été constituée par le concile Vatican II où l’épiscopat catholique s’est réuni pour écouter et discerner le chemin pour l’Église indiqué par l’Esprit Saint  ». Il conclut : «  Douter du Concile, c’est douter des intentions de ces mêmes Pères qui ont exercé leur pouvoir collégial de manière solennelle cum Petro et sub Petro [avec Pierre et sous Pierre] dans un concile œcuménique, et, en dernière analyse, de douter du Saint-Esprit lui-même qui guide l’Église.  »

Les voyages

48 voyages hors Italie, sur les cinq continents, 67 pays visités.

Analyser ses préférences en matière de destination, c’est saisir les projets qu’il avait pour l’Église et le monde, ainsi que ses préoccupations pour les pauvres, le dialogue interreligieux et les relations internationales et la paix. François n’a pas recherché un renversement de la perspective nord-sud. C’est une internationalisation de l’Église qu’il a appelé de ses vœux. Il a voulu ouvrir le centre romain sur le monde entier, et ses destinations de voyages ont exprimé cette priorité.

Le pape François a parcouru le monde, délaissant souvent les grands centres pour se concentrer sur les «périphéries». Il s’est rendu dans les pays les plus éloignés de Rome, comme le Chili, Panama, les Philippines et le Japon. Peu importe que les chrétiens y soient nombreux ou extrêmement minoritaires. Il a également visité des pays parmi les plus pauvres, la Centrafrique, le Soudan du Sud, la Birmanie ou le Bangladesh.
Cet intérêt pour les populations les plus défavorisées compte parmi les quatre grandes orientations qui ont guidé le pape dans ses choix de voyage.
Les deux premiers voyages sont à ce titre emblématiques :

Vers les « périphéries »

Lampedusa

Le 8 juillet 2013, pour son premier voyage hors de Rome, le Pape François s’est rendu sur l’île italienne de Lampedusa afin de témoigner sa solidarité avec les migrants et réfugiés. Ce déplacement était hautement symbolique, car Lampedusa est un point d’entrée pour de nombreux migrants en provenance d’Afrique.

En arrivant sur l’île, le Pape a notamment célébré une messe et a lancé une couronne de fleurs en mer en mémoire des migrants décédés lors de la traversée de la Méditerranée. Il a également déclaré « l’indifférence » du monde face à la souffrance des migrants [33] .

Ce voyage a été un marqueur fort de son pontificat, marqué son engagement envers les plus vulnérables et les questions migrants. Il inaugure une série d’initiatives et de prises de position du pape en faveur des migrants, notamment sa visite à Lesbos en 2016. Cet engagement du pape pour les migrants reste une constante de son pontificat, jusqu’à sa mort en avril 2025.

JMJ à Rio de Janeiro

Pour son premier déplacement à l’étranger, François se rend au Brésil , où se déroulent du 23 au 28 juillet 2013 les 28 e  Journées mondiales de la jeunesse à Rio de Janeiro.
Il exhorte un groupe de jeunes Argentins venus le voir à  « faire du bruit »  et à  « mettre le bazar » . [34] C’est un appel à l’action, à l’audace, à l’engagement, à la créativité et à la rencontre, pour faire entendre la voix des jeunes et témoigner de leur foi.

Dialogue entre la chrétienneté et d’autres religions

Sa deuxième orientation fut celle de l’engagement pour le dialogue interreligieux et œcuménique. François a rendu visite aux pays musulmans : Abu Dhabi, le Maroc, l’Égypte, la Turquie, la Jordanie, les Émirats arabes unis… Il a rencontré à plusieurs reprises Ahmed Mohamed el-Tayeb, l’imam de la mosquée al-Azhar (Le Caire), et a rencontré à Nadjaf, en Irak, haut-lieu du chiisme, le grand ayatollah Ali Sistani. Il s’est également rendu au Kazakhstan en 2022 pour participer à la 7 e  rencontre des chefs religieux du monde, et a signé avec le grand imam Umar, de la mosquée Istiqlal de Jakarta, une déclaration commune prônant le refus du fondamentalisme et la recherche de l’amitié entre les religions.

Ses voyages ont aussi été un outil de renforcement du dialogue œcuménique. Le patriarche Bartholomée Ier de  Constantinople l’a souvent accompagné dans ces grands événements, tandis que Justin Welby, alors archevêque de Canterbury, et Iain Greenshields, modérateur de l’Église d’Écosse, étaient à ses côtés en février 2023 au Soudan du Sud, pour la rencontre œcuménique au Mausolée John Garang. Lors de son voyage à Lund, en Suède, à l’automne 2016, pour la commémoration des 500 ans de la Réforme luthérienne, il a instauré une relation forte avec le pasteur Alav Fykse Tveit, alors secrétaire général du Conseil œcuménique des Églises (COE).
Il va à Genève à l’occasion du 70 e  anniversaire du COE, le 21 juin 2018, et en Roumanie en 2019, lors de laquelle il rencontre des représentants de l’Église orthodoxe roumaine.

Le poids du monde international

La troisième catégorie des voyages du pape François fut justement celle des anniversaires ou des grandes rencontres internationales. Outre les événements déjà mentionnés, s’ajoutent à cette liste son déplacement au Portugal pour le centenaire des apparitions de Fatima, à Marseille pour les Rencontres méditerranéennes, en Belgique pour les 600 ans de l’Université de Louvain, en Corse à l’occasion d’un colloque sur la religion populaire.

François a entrepris sa première visite hors Italie pour rencontrer les jeunes participants aux Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) de Rio. Rencontre qu’il a réitérée à Cracovie en 2016, à Panama en 2019 et à Lisbonne en 2023. Les journées des jeunes d’Asie ont aussi vu venir le pape en Corée du Sud en 2014.

L’étendard de la paix

La dernière catégorie comprend des pays qui travaillent à la reconstruction de la paix dans un contexte d’instabilité ou de mémoire malmenée. C’est ainsi qu’il s’est rendu en Terre sainte en 2014, où il a lancé un appel à la paix et à la coexistence de deux États reconnus, Israël et la Palestine. Il a été en Bosnie-Herzégovine, en Colombie, en Birmanie, au Caucase, en Arménie, en Géorgie, Azerbaïdjan, Irak, République démocratique du Congo, etc., tous des pays en proie à des conflits internes ou régionaux. Et lors de son voyage au Timor oriental, il a salué le courage de ce pays qui a su «se relever», en retrouvant un chemin de paix et d’ouverture», après son long combat, de 1975 à 2002, pour l’indépendance vis-à-vis de l’Indonésie.

Le pape François a également visité successivement Cuba et les États-Unis en 2015, un symbole en soit. Animé par ce même esprit de réconciliation, alors qu’il se trouvait en Irlande en 2018 à l’occasion de la Rencontre mondiale des familles, il a exprimé sa douleur et sa honte pour les scandales de pédophilies commis par des membres du clergé irlandais. Et en 2022, au Canada, il a présenté d’autres excuses, cette fois aux populations autochtones canadiennes pour les milliers d’enfants placés de force dans des pensionnats catholiques.

Documents pontificaux

Lumen Fidei

La première encyclique « Lumen Fidei [35]  » signée de François, est le fruit d’un travail largement entamé sous le pontificat de Benoît XVI, travail repris et complété par le nouveau pape, mais qui est surtout la suite et fin d’une trilogie de Benoît XVI sur les vertus théologales (charité, espérance et foi)

Tous frères

Fratelli tutti [36]  (en français : « Tous frères ») est signée le 3 octobre 2020 et publiée le lendemain, jour de la fête de saint François d’Assise. Elle porte sur la fraternité et l’amitié sociale.

L’encyclique est explicite un texte à charge contre le dogme néolibéral considéré comme «  une pensée pauvre, répétitive  ». Le pape dénonce aussi «  la spéculation financière, qui poursuit comme objectif principal le gain facile, continue à faire des ravages  » alors que «  la fragilité des systèmes mondiaux face aux pandémies a mis en évidence que tout ne se résout pas avec la liberté de marché  ». Dans son texte, François accuse l’économie mondialisée de diviser, et donc d’être, étymologiquement, « diabolique » (« diabolos » signifiant « diviseur »). L’unité chrétienne est donc, dans cette perspective, indissociable de la guérison du monde.
De nombreux commentateurs ont écrit la vision du pape François et le texte de  Fratelli tutti  dans la lignée de la doctrine sociale et des encycliques sociales de l’Église catholique, depuis Léon XIII et  Rerum novarum.

Vers la fin de l’encyclique, le pape rend hommage aux figures qui l’ont inspiré : François d’Assise, Martin Luther King, Gandhi et Desmond Tutu.  Fratelli tutti  est du même esprit que le  document sur la fraternité humaine  signé en 2019 avec Ahmed el-Tayeb. Ce texte a par la suite a inspiré la résolution des Nations unies février qui a désigné le 4 comme la Journée Internationale de la Fraternité Humaine.

Dilexit nos

Dilexit nos [37] (en français : « Il nous a aimés ») est la quatrième et dernière encyclique du pape François, publiée le 24 octobre 2024. Elle porte sur le Sacré-Cœur de Jésus.

D’une spiritualité marquée par l’influence de l’École française ainsi que de la Compagnie de Jésus, l’encyclique se situe dans la continuité des sujets d’éthique sociale abordés par François au long de son pontificat. Elle se veut, à travers le thème de l’amour du Christ, une réflexion sur les difficultés du monde d’aujourd’hui.
     Dilexit nos  semble a priori en décalage avec l’enseignement du pape François, ce document reprend l’un après l’autre les principaux thèmes de son magistère en matière de théologie morale, de doctrine sociale et d’écologie. En ce sens, les préoccupations qu’expriment l’encyclique face à un « monde déshumanisé » constituent un résumé de l’esprit de son pontificat.

     En posant la dévotion au cœur du Christ comme antidote aux errances « structurelles » des sociétés technologiques, il dénonce les « structures de péché », concept propre à la  théologie de la libération . Or ces « structures de péché », ces « structures sociales aliénées », produisent des comportements individuels, de sorte que changer les cœurs amènent aussi à transformer les structures sociales. Quand le cœur du Christ demande une « réparation » aux croyants, cette offrande suppose donc, également, un engagement social : encore faut-il, dans une éthique fondée sur le « cœur aimant de Jésus », réapprendre à contempler le monde afin de sauvegarder la beauté de la Création. Il s’agit donc de reconstruire « le bien et le beau », en union avec le cœur du Christ, « au milieu du désastre laissé par le mal ».

Dans sa conclusion, François a inscrit cette méditation sur le Sacré-Cœur dans la lignée de ses réflexions sur l’écologie ( Laudato si’ , 2015) et sur la fraternité ( Fratelli tutti , 2020)

Amoris Laeticia

     Amoris lætitia [38]  (en français : « La joie de l’amour ») est une exhortation apostolique post-synodale du pape François datée du 19 mars 2016 et publiée le 8 avril 2016. Elle fait suite au synode sur la famille tenue entre 2014 et 2015.

Le pape François plaide pour une Église non pas dogmatique, mais accueillante. Ancré dans l’Écriture et la Tradition, le pape invite à comprendre et à être ouvert à ceux qui souffrent. L’Église se place en position d’accompagner, d’aider au discernement et, «  surtout, en cette année de la miséricorde, de porter un regard de miséricorde sur les familles  ». Il invite donc à une conversion du regard. Que pasteurs et fidèles adoptent le regard de Jésus lui-même, un regard d’amour et de tendresse sur les hommes et les femmes rencontrés.

Cette conversion du regard est indissociable de la conversion de la manière de s’exprimer et de comprendre la vocation chrétienne du mariage. Fidèles et pasteurs peinent encore «  à considérer sereinement les limites inhérentes à la vie conjugale  ». Le pape ne renonce pas à l’annonce du mariage chrétien, mais cet idéal n’est pas présenté comme un état acquis une fois pour toutes à l’occasion du mariage. Une famille exige une maturation progressive dans sa capacité d’aimer. Faisant un état des lieux des diverses réalités familiales, le pape rappelle que, s’il n’existe pas de famille idéale, la cellule familiale est à la fois riche et complexe et l’Église souhaite accompagner de son mieux ses diverses réalités.

Dans cette optique il convient également de convertir l’action pastorale en destination des familles. Elle ne doit pas rester figée dans la conformité à la règle ou à l’idéal souhaité. C’est pourquoi l’exhortation apostolique  Amoris Laetitia  propose de nombreuses pistes de réflexion et d’action pour les évêques. Cela doit leur permettre de mieux appréhender et d’accompagner les familles. La situation des divorcés-remariés est clairement abordée. Ce sujet a suscité de vifs débats entre les évêques au moment du synode. Le pape reprend à son compte les préconisations des évêques et semble entrouvrir une porte de l’Église qui était jusque-là fermée à ces couples.

Loi de la progressivité, circonstances atténuantes, place de la conscience sont autant de facteurs qui incitent à la formation d’un jugement correct sur la situation d’une personne. Ce jugement ne peut reposer sur la seule loi : «  C’est de l’intérieur de la conscience éclairée pas les repères objectifs de la loi et le dialogue pastoral que peut se faire le discernement de la vérité  ». En tout état de cause, c’est la miséricorde qui doit orienter toute l’action pastorale.

Fin de vie et décès

Dégradation de sa santé

Dès son élection, la santé du pape François est réputée fragile, notamment à cause de l’ablation partielle de son poumon droit dans sa jeunesse. Il subit plusieurs hospitalisations à partir de 2021, notamment pour des difficultés respiratoires. En outre, en raison principalement d’une affection inopérable du genou, sa mobilité se réduit : il se déplace avec une canne puis uniquement en fauteuil roulant.
Le 20 avril, jour de Pâques, le pape apparaît au balcon de la basilique Saint-Pierre et souhaite de joyeuses Pâques à la foule, puis sa bénédiction apostolique  Urbi et orbi  est lue par un collaborateur..

Mort et funérailles du pape

Le lundi 21 avril 2025, le pape François s’est éteint à 7h35 du matin dans sa chambre de la résidence Sainte-Marthe, à l’âge de 88 ans et après 12 ans de pontificat.

Il est inhumé à sa demande dans la Basilique Sainte-Marie-Majeure


[1] Un des trois magistrats chargés de l’examen des accusations en 2011 explique après étude des éléments qu’« il est totalement faux de dire que Jorge Bergoglio [aurait] livré ces prêtres » et que, par conséquent, la justice l’a innocenté. cf. CAPPIELLO, Hernán. Pour la justice argentine, les imputations sont fausses. Art. dans La Nación (Argentine), 16 mars 2013.
[5] ttps://www.lorientlejour.com/article/806137/La_presence_du_patriarche_orthodoxe%2C_une_premiere_historique.html
[17] Cf le « principe de Lund » découle d’une question soulevée par la Conférence de Foi et Constitution du Conseil œcuménique des Églises de 1952 , tenue à Lund , en Suède . Après avoir « instamment demandé à nos Églises de se demander si elles font tout ce qu’elles doivent pour manifester l’unité du peuple de Dieu », elle poursuivait : « Nos Églises ne devraient-elles pas se demander si elles font preuve d’un empressement suffisant pour dialoguer avec les autres Églises, et si elles ne devraient pas agir ensemble en toutes matières, sauf celles où de profondes divergences de convictions les obligent à agir séparément ? »
[18] Pape François, Evangelii Gaudium. Op. cit., n.244
[19] XVIe Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques, Pour une Église synodale : communion, participation, mission. Document final, n.137.
[21] Dans son édit 131, l’empereur Justinien avait promulgué que le gouvernement de la chrétienneté serait confié aux cinq patriarches de l’Église sous l’égide d’un empire universel, ce que l’on appelle la « pentarchie ». Rome se voyageait concéder la primauté en raison de son lien historique avec la ville impériale. Tel que mentionné plus haut, il s’agissait donc d’une primauté d’honneur allant à la ville et non à l’individu qui y occupait le poste de patriarcat. Du reste, cette primauté d’honneur n’était définie nulle part et ne n’impliquait aucune suprématie sur les autres patriarches. https://www.oecumenisme-normandie.fr/projet/#Les_definitions_des_quatre_premiers_conciles_et_leurs_consequences
[22]   Discours du pape François aux participants à l’assemblée du conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens : https://www.vatican.va/content/francesco/fr/speeches/2016/november/documents/papa-francesco_20161110_plenaria-unita-cristiani.html
[23] Pape François, Homélie lors de la célébration des vêpres en la solennité de la conversion de Saint-Paul apôtre, le 25 janvier 2014 : https://www.vatican.va/content/francesco/fr/homilies/2014/documents/papa-francesco_20140125_vespri-conversione-san-paolo.html
[25] C’est plus, pour l’église catholique, une conversion qu’une découverte. Le COE, depuis les rencontres de Nemi, en Italie, en juin 1971 qui approuvait une déclaration relative à «L’environnement mondial, des choix responsables et une justice sociale» n’a arrêté d’intervenir ( https://www.oikoumene.org/fr/news/how-the-world-council-of-churches-mobilized-action-50-years-ago-on-sustainability-and-ecology )

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